NANTES
Le pire est désormais envisagé pour cette famille qui a disparu depuis le début du mois d'avril à Nantes. Un corps a été retrouvé jeudi dans le jardin de la maison familial, et les propos délirants tenus par les parents avant la disparition conduisent les enquêteurs à supposer qu'ils sont face à un geste criminel, encore inexpliqué. Après la découverte d'un morceau de jambe dans la matinée sous la terrasse de la maison familiale, les enquêteurs ont découvert le reste d'un corps qui semble correspondre à ce membre, a-t-on appris de source proche de l'enquête. Un témoin a par ailleurs expliqué, sur RTL, avoir vu il y a une quinzaine de jours le père faire plusieurs allers-retours en voitures avec de gros sacs et des cabas.
La famille, qui n'avait jamais fait parler d'elle avant le signalement de sa disparition inexpliquée le 4 avril, comprend quatre enfants âgés de 13, 16, 18 et 21 ans, le père âgé de 50 ans et la mère, 49 ans. Avec la découverte macabre faite dans la matinée à leur domicile, "l'enquête pour disparition inquiétante bascule donc vers séquestration et assassinat", avait indiqué le procureur de Nantes jeudi matin au cours d'un point presse. Aucune trace de lutte ou de violence n'a pour le moment été constatée au domicile où toutes les armoires avaient été vidées, selon le procureur qui s'est rendu sur les lieux. Aucune trace n'a pu être trouvée non plus dans les gares ou les aéroports, aucun mouvement bancaire ou de connexion internet observé.

Nouvelles recherches, infructueuses, dans le Var
Des recherches cynophiles ont débuté vendredi matin sur le parking de l'hôtel de Roquebrune-sur-Argens où a été découverte il y a une semaine la voiture de Xavier Dupont de Ligonnès, recherché après que sa femme et ses enfants ont été tués à Nantes. Le groupe d'investigation cynophile, basé au Centre d'instruction cynophile de la gendarmerie de Gramat (Lot), a déployé vers 10 heures cinq chiens spécialisés 　dans la recherche de restes humains. Des gendarmes venus de Saint-Tropez étaient également présents, tandis qu'un hélicoptère effectuait des rondes. "Les recherches au départ n'ont pas permis d'établir par où il est parti et comment il est parti. On se recentre sur place", a indiqué un commandant de la PJ. Mais à la mi-journée, ces recherches se sont avérées infructueuses. "On a du retard, lui (Xavier Dupont de Ligonnès: ndlr), on sait qu'il quitte l'hôtel le 15. On sait que, depuis, la voiture a changé de place sur le parking. Et aujourd'hui on n'a rien trouvé", a indiqué, désabusée, une source proche de l'enquête. A 13H30, le dispositif de 130 hommes appuyés par un hélicoptère et des chiens, déployé pendant plus de trois heures, commençait d'être levé progressivement, a constaté un correspondant de l'AFP sur place.
Les bois de Roquebrune-sur-Argens passés au crible
Une quinzaine d'enquêteurs de la police judiciaire et environ une centaine de CRS, notamment spécialistes de secours en montagne et des plongeurs, ainsi que des membres de la police de la forêt, ont procédé à des investigations dans la forêt de Palayson, à 500 m de l'hôtel Formule 1 où Xavier Dupont de Ligonnès avait passé la nuit du 14 au 15 avril. Dans cette forêt se trouve aussi un lac, le lac de l'Endre, et des bateaux ont été dépêchés sur place. Une opération de ratissage a débuté vendredi dans ces bois, où se perd la trace de Xavier Dupont de Ligonnès. Les enquêteurs cherchent à savoir si l'homme ne se serait pas caché dans cette forêt où il avait passé une nuit, voire suicidé. "Nous sommes ici pour vérifier le témoignage d'un homme disant avoir vu Xavier de Ligonnès partir à pied avec un sac à dos", a déclaré un enquêteur sous couvert de l'anonymat. Les 120 hommes mobilisés sont accompagnés d'une équipe cynophile avec cinq chiens spécialisés dans la recherche de restes humains.

La piste autrichienne écartée
La police enquêtait en parallèle sur des informations selon lesquelles Xavier Dupont de Ligonnès aurait pu avoir séjourné en Autriche. Mais cette pistes s'est avérée vendredi infructueuse. "Les indices ont été vérifiés, aucune piste ne conduit vers l'Autriche", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police criminelle Helmut Greiner. Jeudi, les autorités autrichiennes avaient annoncé avoir lancé des vérifications, notamment sur les déclaration d'un chauffeur de taxi de Salzbourg affirmant avoir eu le Français comme passager. Une circulaire de recherche a été émise par Interpol pour élargir les investigations au-delà de la zone Schengen et retrouver Xavier Dupont de Ligonnès.
Xavier, "agressif" sur un forum catholique intégriste ?
Des administrateurs d'un site catholique, qualifié d'intégriste par l'épiscopat, affirment que Xavier Dupont de Ligonnès participait à leur forum, où il s'interrogeait en 2010 sur le sens du "sacrifice" et où il se serait montré "agressif" récemment. "En quoi Dieu a-t-il besoin, ou envie, ou autre sentiment, qu'on lui offre la mort d'une bête, d'un enfant, d'un homme ... de son Fils ?", interroge "Ligo" dans un message posté sur cite-catholique.org il y a un an, le 29 avril 2010. Soupçonné d'avoir assassiné son épouse et ses quatre enfants, Xavier Dupont de Ligonnès "était inscrit sur notre forum sous plusieurs pseudonymes (banni, il revenait sous d'autres pseudonymes): Ligo, Chevy... c'était lui", écrivait lundi soir un animateur du site, "Christophe". Le parquet de Nantes a confirmé que des enquêteurs spécialisés ont analysé ce site mais les sources judiciaires et policières interrogées n'ont pas confirmé que de Ligonnès se cachait derrière ces pseudonymes, dont l'un est le début de son nom de famille. Le site a indiqué avoir fait l'objet d'une réquisition judiciaire, avoir transmis tous les éléments pouvant intéresser les enquêteurs, et avoir "purgé" les "données personnelles (adresses e-mail, IP)" et "confidentielles" de Chevy/Ligo qui y figuraient.
L'administrateur explique que "des internautes-enquêteurs" l'ont contacté par mail pour l'informer du "rapprochement" fait "à partir d'un message posté par un invité, et qui contient l'adresse du site et l'adresse mail de XDL (Xavier Dupont de Ligonnès)". Il précise que "le dernier message de Ligo date du 8 avril - alors qu'il ne s'est pas connecté depuis décembre. En fait, son message avait été posté en anonyme et c'est la modération qui avait fait le rapprochement (style littéraire, adresse IP) et avait réattribué ce message à Ligo". "L'adresse IP du dernier message (8 avril) était localisée à Cagnes-Nice", ajoute-t-il. Selon le modérateur, Chevy/Ligo a été "banni" à plusieurs reprises pour avoir "fait systématiquement dévier tous les sujets où il intervenait. Dans ses derniers messages, il était devenu agressif également". "Je viens de réaliser une chose étrange en lisant vos commentaires sur la FOI: j'ai été catholique convaincu pendant 35 ans... sans jamais avoir eu la foi !!", écrivait-il en mars 2010. "Je ne peux donc pas dire que j'ai perdu la foi ... puisque je ne l'ai jamais eue : j'ai juste perdu mes certitudes...". Le site Cité catholique se définit comme un "forum francophone pour échanger entre fidèles, découvrir ou approfondir ses connaissances de la religion catholique romaine".
Attirance pour les armes ?
Le Figaro met en lumière vendredi que Xavier Dupont de Ligonnès avait un penchant particulier pour les armes. Selon le quotidien, il se définissait sur Facebook come un "tireur d'élite". Décrit comme "affable et irréprochable" par les gérants de son club de tir, il y avait inscrit ses enfants en mars. Cependant, des armuriers de Nantes interrogés par Le Figaro décrivent l'homme comme "perturbé" quand il est venu acheter une arme de poing. Il s'est présenté selon eux comme un "prêtre tireur d'élite" qui voulait protéger sa famille qui était en danger. Les armuriers lui ont refusé cette arme car il ne disposait pas des documents nécessaires, disent ces armuriers.

Sources : TF1