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   Les Patriotes du Québec de 1830 a 1840

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   Les Patriotes du Québec de 1830 a 1840  
 
Balthazar
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Posté le 20/02/2007 à 14:13:37
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CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS
1830-1840



Cette chronologie n'indique que les événements les plus importants entre 1830 et 1836. Mais elle est plus complète en ce qui concerne les années 1837 à 1839.





JUILLET 1830

La Révolution en France électrise la jeunesse. Les vrais Patriotes n'accepteraient désormais rien d'autre que l'indépendance complète du Bas-Canada.


AUTOMNE 1830

Dernière tentative de régler la question des subsides, mais les Patriotes ne sont plus disposés à accepter des compromis.
Élections générales qui voient l'arrivée de plusieurs jeunes imbus d'idées révolutionnaires.



15 JANVIER 1831

Le gouvernement fait arrêter deux journalistes, Ludger Duvernay et Daniel Tracey, pour déclarations diffamatoires.


21 MAI 1832

Lors des élections partielles dans le quartier ouest de Montréal, des soldats britanniques tirent sur la foule, tuant trois Canadiens. Ces premiers "martyrs" deviennent l'objet de fêtes commémoratives pendant plusieurs années.
Les modérés, surtout les ci-devant Patriotes de Québec dont John Neilson, se séparent de Papineau. L'émigration, atteint le chiffre de 50,000, ce qui ne pouvait qu'inquiéter les Canadiens. En même temps, le choléra asiatique, emporté par des Irlandais, fait plusieurs milliers de victimes au Bas-Canada.



17 FÉVRIER 1834

Présentation des 92 résolutions en Chambre : ces résolutions contiennent tous les griefs des Patriotes. Malgré des débats animés, elles sont adoptées par un vote de 56 en faveur et de 23 contre.


AUTOMNE 1834

Lors des élections générales, les Patriotes triomphent partout, malgré des tentatives de corruption de la part des bureaucrates et de la provocation de la part des Britanniques.
Les résultats de cette élection furent probants : la population québécoise de l'époque avait indiqué de façon très nette qu'elle appuyait Louis Joseph Papineau. On n'avait jamais vu 95 % des électeurs se ranger aussi résolument derrière un homme, son parti et ses positions.

Le Parti Patriote obtenait 77 des 88 sièges à l'Assemblée, 483 739 voix, contre 28 278 pour les oligarques anglais, les Constitutionnels.



FÉVRIER 1835

La Chambre se réunissait pour une session de moins d'un mois, au cours de laquelle une seule loi fut votée. Tout le temps se passa en stériles discussions.


MAI 1835

Angleterre, le ministre du secrétariat aux colonies, lord Glenelg annonçait au gouverneur Aylmer des deux Canada la nomination d'un commissaire royal, lord Gosford.


23 AOÛT 1835

Une Commission d'enquête arrive à Québec afin d'examiner les problèmes du Bas-Canada et en trouver une solution. Lord Gosford, le nouveau gouverneur est accompagné de deux assistants, Sir Charles Grey et le whig Sir George Gipps. Lord Gosford se montre très conciliant. Mais la révélation prématurée de ses instructions secrètes renforce la position de Papineau.


AUTOMNE 1836

Les députés ajournent une réunion spéciale de la Chambre après seulement 13 jours de session, refusant d'y siéger tant que le gouvernement ne réformera pas la Constitution.



- 1837 -



6 MARS

Lors John Russell ministre de l'intérieur au Parlement britannique, présente 10 résolutions au Parlement de Londres, à la suite du rapport de la Commission d'enquête de Lord Gosford. Ces résolutions rejettent les réformes proposées par les Patriotes et permettent au gouverneur d'utiliser les fonds publics sans l'assentiment de la Chambre.


20 AVRIL

Le journal "La Minerve" annonce la convocation d'une assemblée dans le comté de Richelieu "pour réprouver les mesures coercitives du parlement impérial".


7 MAI

Assemblée à Saint-Ours, résolutions favorisant les principes républicains et les droits des Canadiens.


15 MAI

Assemblées à Saint-Laurent et à Saint-Marc (comté de Verchères), résolutions demandant l'appel d'une convention générale.


28 MAI

Assemblée à Québec.


15 JUIN

Proclamation de Lord Gosford, le gouverneur, contre les assemblées de protestation tenues par les Patriotes.


26 JUIN

Assemblée à Saint-Thomas (comté de Bellechasse et de l'Islet).


29 JUIN

Assemblée à Montréal.


4 JUILLET

Assemblée à Stanbridge (comté de Mississiquoi).


16 JUILLET

Assemblée à Deschambault.


26 JUILLET

Assemblée à Yamachiche (comté de Saint-Maurice).


26 JUILLET

Assemblée à l'Assomption.


6 AOÛT

Assemblée à Saint-Constant (comté de Laprairie), en présence de M. de Pontois, ministre plénipotentiaire de la France aux États-Unis, en visite au Canada.


18 - 26 AOÛT

Quatrième session du quinzième parlement; après un long débat, on refuse les subsides.


5 SEPTEMBRE

500 jeunes gens de Montréal jettent les bases d'une société politique sous le nom de "Fils de la Liberté", lors d'une assemblée à l'Hôtel Nelson, sur la place Jacques Cartier à Montréal.


1er OCTOBRE

Le comité permanent du comté des Deux-Montagnes convoque les habitants des différentes paroisses pour élire des juges de paix. Le 15, on décide aussi de former dans chaque paroisse des corps de milices volontaires.


4 OCTOBRE

Les Fils de la Liberté publient un manifeste demandant le droit de choisir un gouvernement républicain.


15 OCTOBRE

Élections à Saint-Joachim des juges de paix.


22 OCTOBRE

Un millier de Fils de la Liberté font des manœuvres dans les faubourgs de Montréal, en préparation de la réunion du lendemain à Saint-Charles.


24 OCTOBRE

Mandement de l'Évêque de Montréal contre les Patriotes.


23-24 OCTOBRE

Assemblée de la Confédération des six comtés à Saint-Charles; on prépare la convocation d'une convention nationale; on élève une colonne surmontée du bonnet de la Liberté, et portant cette inscription: "A Papineau, ses compatriotes reconnaissants, 1837".
Le 23 octobre au cours de l'après-midi, en pleine assemblée apparue, une divergence idéologique profonde entre les deux chefs patriotes. Lorsque Louis-Joseph Papineau termina son discours en conseilla aux gens de restés sur le terrain de l'agitation constitutionnelle. Ce fut à ce moment, que Wolfred Nelson s'écria :

"Eh bien! moi, je diffère d'opinion avec M. Papineau ; je prétends que le temps est arrivé de fondre nos cuillères pour en faire des balles".

De toutes les assemblées publiques qui précédèrent l'insurrection, celle de Saint-Charles fut la plus importante. Elle précipita le dénouement en activant l'agitation et en décidant les autorités à intervenir.

Il y eut en tout, au cours de la seule année 1837 à la grandeur du Québec, 47 assemblées publiques.



2 NOVEMBRE

Assemblée du comité permanent de Québec, qui se déclare solidaire de la Confédération des six comtés.


4 NOVEMBRE

Les Fils de la Liberté annoncent la tenue d'une réunion monstre à Montréal.


5 NOVEMBRE

Les magistrats interdisent les parades à Montréal.


6 NOVEMBRE

Des membres du Doric Club attaquent les Fils de la Liberté, rue Saint-Jacques à Montréal. Les loyalistes saccagent les ateliers du journal patriote de langue anglaise "The Vindicator", et s'attaquent à la maison de Papineau.


10 NOVEMBRE

Un détachement de cavalerie se dirige vers Saint-Jean; les Patriotes tirent quelques coups et se retirent.


11-15 NOVEMBRE

On arrête cinq chefs patriotes à Québec, mais ils seront remis en liberté provisoire le 18.


13 NOVEMBRE

Gosford révoque la commission de 71 juges de paix suspects à Montréal.


16 NOVEMBRE

26 mandats d'arrêt sont émis dans le district de Montréal pour crime de haute trahison ou menées séditieuses; André Ouimet, président des Fils de la Liberté et cinq de ses lieutenants sont écroués.


17 NOVEMBRE

Le Patriote Bonaventure Viger aidé d'une dizaine d'hommes attaque des soldats de la Montreal Volunteer Cavalery près de Chambly et délivrent le notaire Pierre Paul Desmarais et le docteur Joseph François D'Avignon.


18 NOVEMBRE

Thomas Storrow Brown, général des Fils de la Liberté, s'empare du manoir du seigneur Debarztch à Saint-Charles et établit un camp; un détachement de troupes sous le commandement de Wetherall quitte Montréal et se rend à Chambly.


22 NOVEMBRE

Le lieutenant-colonel Gore quitte Montréal avec 500 hommes sur le vapeur Saint-Georges pour se rendre à Sorel, ensuite ils se mettent en marche afin d'opérer une jonction à Saint-Charles avec le lieutenant-colonel Wetherall.


23 NOVEMBRE

Le lieutenant-colonel Gore, à la tête de six compagnies d'infanterie et d'un détachement d'artillerie attaque les Patriotes retranchés à Saint-Denis sous le commandement de Wolfred Nelson ; après sept heures de combats, Gore se retire laissant plusieurs soldats blessés et tués (d'après le communiqué officiel - 6 tués et 11 blessés) ; du côté dès Patriotes, il y a 12 tués et 8 blessés. Un jeune officier anglais, fait prisonnier, George Weir, est abattu en essayant de s'échapper.
Un camp patriote est établi dans la paroisse de Saint-Benoît, au nord de Montréal, sous le commandement d'Amury Girod.



24 NOVEMBRE

Girod veut marcher sur Montréal, mais après un conseil de guerre on décide de se tenir sur la défensive.


25 NOVEMBRE

Le lieutenant-colonel Wetherall quitte Saint-Hilaire pour se rendre à Saint-Charles ; à trois milles au sud ; les Patriotes tentent de lui barrer la route sans succès. Les troupes britanniques attaquent les Patriotes retranchés autour du manoir à Saint-Charles ; après deux heures, les Patriotes doivent se rendre. On compte au moins 3 tués et 18 blessés du côté britannique et, du côté des Patriotes, 32 tués incluant les blessés incapables de fuir. Ils furent tous massacrés sans pitié et 30 furent faits prisonniers.


27 NOVEMBRE

Après un procès populaire, on exécute Joseph Armand, dit Chartrand à l'Acadie, comme traître.


28 NOVEMBRE

Sur le chemin du retour, les troupes de Wetherall sont attaquées par un détachement de Patriotes à Pointe Olivier (Saint Matthias) : deux Patriotes sont tués.


30 NOVEMBRE

Wetherall et ses troupes rentrent triomphalement à Montréal, ramenant une trentaine de prisonniers et, comme trophée, la colonne de la Liberté érigée à Saint-Charles le 23 octobre.
Girod et Chénier accompagnés de 200 hommes vont chercher des armes à Oka.



1e DÉCEMBRE

Louis Joseph Papineau se réfugie à Albany aux États-Unis.


2 DÉCEMBRE

Le lieutenant-colonel Gore revient à Saint-Denis et découvre le cadavre de George Weir. Le village est incendié.


3 DÉCEMBRE

Le lieutenant-colonel Gore se rend à Saint-Charles.


4 DÉCEMBRE

Les troupes du lieutenant-colonel Gore marchent jusqu'à Saint-Hyacinthe.


5 DÉCEMBRE

La loi martiale est proclamée dans le district de Montréal.


6 DÉCEMBRE

Un groupe de 80 Patriotes tente de revenir des États-Unis, mais Kemp et 300 miliciens les attendent à Moore's Corner (Philipsburg) ; l'engagement dure 15 minutes et les Patriotes sont obligés de se retirer ; on fait 4 prisonniers et il y a un Patriote tué.


7 DÉCEMBRE

Le lieutenant-colonel Gore rentre à Montréal.


10 DÉCEMBRE

Un détachement de soldat britannique prend ses quartiers à Saint-Martin, afin de garder le pont qui mène à Saint-Eustache et à Saint-Benoît.


13 DÉCEMBRE

Le général des troupes anglaises John Colborne quitte Montréal en direction de Saint-Eustache avec 1,200 hommes.


14 DÉCEMBRE, le massacre de Saint-Eustache

L'armée britannique traverse la rivière à environ trois milles au-dessous de Saint-Eustache ; elle attaque le village à midi, et le combat fait rage pendant cinq heures. Après la défaite des Patriotes, qui perdent au moins 70 hommes, on incendie le village et le chef des Patriotes, Jean Olivier Chénier, est abattu.


15 DÉCEMBRE, le sac de Saint-Benoît

Les troupes britanniques et loyalistes avancent vers Saint-Benoît; les Patriotes coincés déposent les armes, le village est mis à sac et complètement détruit par le feu.


16 DÉCEMBRE

Le colonel Maitland se rend à Sainte-Scholastique et à Sainte-Thérèse.


19 DÉCEMBRE

64 des 120 prisonniers de Saint-Eustache sont remis en liberté; Colborne revient à Montréal.


21 DÉCEMBRE

Lord Gosford donne le pouvoir à certaines personnes de faire prêter le serment d'allégeance aux sujets de Sa Majesté partout dans la province; quelques-uns refusent et sont arrêtés.



- 1838 -



5 JANVIER

Le président Martin Van Buren des États-Unis proclame la neutralité de son pays et menace de poursuivre tous ceux qui la compromettraient.


10 FÉVRIER

La Reine Victoria accepte la recommandation de la Chambre des Communes à l'effet de suspendre temporairement la constitution de 1791 (jusqu'au 1e novembre 1840). Elle autorise la formation d'un conseil spécial.


24 FÉVRIER

Un vol d'armes, attribué aux Patriotes, est effectué à l'arsenal d'Elizabethtown dans l'état de New York.


26-27 FÉVRIER

Robert Nelson général en chef des forces patriotiques rassemble entre 600 et 700 Frères Chasseurs et sympathisants américains dans le but d'envahir le Bas-Canada. Ils se rendent à Alburg dans le Vermont.
John Colborne entre officiellement en fonction. La loi martiale est proclamée.



28 FÉVRIER

Les Patriotes commandés par Robert Nelson et le Dr Cyrille Côté entrent dans la province et s'arrêtent aux environs de Caldwell's Manor (Noyan). Robert Nelson proclame l'indépendance du Bas-Canada.
Le lendemain, Nelson et les Patriotes sont obligés de se retirer de l'autre coté de la frontière. L'armée américaine arrête Nelson et Côté.



30 MARS

Lord Durham est nommé Capitaine général et Gouverneur en chef de toutes les colonies britanniques d'Amérique du Nord. Il est en outre nommé Commissaire enquêteur.


27 AVRIL

Révocation de la loi martiale dans le district de Montréal ; 501 personnes sont incarcérées à Montréal pour faits de trahison ou menées séditieuses, 5 à Québec.


27 MAI

Lord Durham, nouveau gouverneur arrive à Québec à bord du vaisseau de guerre Hastings.
John Colborne remet ses pouvoirs de gouverneur deux jours plus tard a Lord Durham.



1 er JUIN

Le Conseil spécial est remplacé par un Conseil exécutif. Quelque 150 personnes sont toujours en prison.


18 JUIN

Lord Durham fait proposer aux 8 principaux chefs de la première insurrection de 1837, un aveu de culpabilité en échange de la grâce de tous les autres détenus politiques.


22 JUIN

Évasion de Louis Lussier, un des accusés du meurtre de George Weir.


26 JUIN

Un nouveau projet d'aveu des huit chefs de l'insurrection de 1837 est accepté par les deux parties.


28 JUIN

Proclamation d'amnistie pour tous les détenus sauf les 8 chefs qui ont signé l'aveu comme condition de l'amnistie pour les autres. Sont exclus les 16 patriotes réfugiés aux États-Unis et les dix accusés du meurtre de George Weir.


2 JUILLET

Huit chefs du mouvement patriotique sont envoyés en exil aux Bermudes : ils montèrent, enchaînés, à bord du bateau le Canada qui devait les conduire jusqu'à Québec. Le 6 juillet ils quittèrent Québec sur la frégate de guerre Vestale à destination des Bermudes.


16 AOÛT

Le Parlement de Londres passe un Bill d'indemnité qui désavoue la politique de Durham.


26 SEPTEMBRE

Monseigneur Lartigue, Évêque de Montréal, fait parvenir aux autorités gouvernementales une missive dévoilant les plans de la prise de pouvoir par les patriotes.


2 NOVEMBRE

Lord Durham quitte le Canada et laisse le commandement à Colborne.


3 NOVEMBRE

Rassemblement des Frères Chasseurs à divers points autour de Montréal.

1 - À Beauharnois.

2 - Dans la paroisse de Sainte-Martine, au camp Baker. On comptera 500
hommes le 7, après le regroupement des deux camps.

3 - À Châteauguay, une centaine.

4 - À la Pointe-Olivier (Saint-Matthias).

5 - À la Rivière-à-la-Tortue, dans Saint-Constant, 200.

6 - À Boucherville, au camp de la montagne, un millier, entre le 6 et le 10
novembre.

7 - À Napierville, au grand camp, 3000 hommes sous le commandement du
général en chef Robert Nelson, président de la République du Bas-Canada.

Une partie des Patriotes à Saint-Constant désarme les Loyalistes.



4 NOVEMBRE

Proclamation de la loi martiale par Colborne.
Une centaine de Patriotes à Châteauguay, sous le commandement de Cardinal et Duquette, se rendent à Caughnawaga dans l'intention d'obtenir des armes ; Cardinal et Duquette sont faits prisonniers.

À Terrebonne, la police arrête un Patriote;

À Napierville, Robert Nelson proclame de nouveau l'indépendance du Bas-Canada devant 700 Patriotes en rang.



5 NOVEMBRE

Les Patriotes de Beauharnois s'emparent du bateau à vapeur Henry Brougham et le rendent inutilisable pour le transport des troupes ennemies.


6 NOVEMBRE

À Terrebonne, la police cerne la maison de Charles Bouc, mais après une fusillade se retire.
Une centaine d'hommes quittent Napierville afin de se rendre aux frontières chercher des renforts à Rouse's Point (NY).



7 NOVEMBRE

Les Patriotes de Beauharnois se rendent au camp Baker de Sainte-Martine.
À Terrebonne, on conclut un traité de paix entre les Loyalistes et les Patriotes ; mais par la suite, les autorités le renient et arrêtent les Patriotes dispersés.

300 Patriotes sous le commandement de Cyrille-Hector Octave Côté se dirigent vers Lacolle où ils rencontrent les troupes régulières de Colborne. Après une demi-heure de combat, les Patriotes sont dispersés, laissant 8 morts.



8 NOVEMBRE

L'armée patriote de 600 hommes marche vers Odelltown afin de rétablir les communications avec la frontière. On rampe à Lacolle: quelques traîtres essayent d'y capturer Robert Nelson à un avant-poste sur la rivière, mais sans succès.
L'habeas corpus est suspendu dans la province.



9 NOVEMBRE

Les Patriotes commandés par Rober Nelson, Charles Hindelang et le major Hébert s'attaquent aux Loyalistes retranchés à Odelltown, mais ils doivent se retirer après deux heures de combat à cause de l'arrivée de troupes britanniques: on y laisse plusieurs morts. Nelson se réfugie aux États-Unis.
Huit cents Volontaires et soldats attaquent les forces patriotiques du champ Baker de Sainte-Martine qui est sous le commandement du colonel James Perrigo. Devant l'ardeur des patriotes au combat les forces anglaises doivent retraiter: c'est la victoire pour les Patriotes.



10 NOVEMBRE

Menacés par les troupes de Colborne, n'ayant plus de munitions et ayant subi des pertes considérables, les Patriotes cherchent à regagner la frontière. Plusieurs sont faits prisonniers, dont Charles Hindelang.
Le comté de Laprairie est soumis au feu et au pillage.



12 NOVEMBRE

Marie Thomas Chevalier de Delormier est arrêtée près de la frontière américaine.


13 NOVEMBRE

Les Patriotes de Boucherville se dispersent à la nouvelle de l'arrivée des troupes.


26 NOVEMBRE

Le lundi 26 novembre, trois volontaires parviennent à se saisir du colonel James Perrigo sur les terres de la concession Lapigeonnière du village de Saint-Edwards. Dans les jours suivants son arrestation, celui-ci est dirigé à la prison de Montréal.


28 NOVEMBRE

Le procès de douze des prisonniers de Caughnawaga débute à Montréal.


6 DÉCEMBRE 1838 AU 1er MAI 1939

Quatorze procès devant la cour martiale; 9 Patriotes sont acquittés et 99 sont condamnés à mort. De ce nombre, 12 seront exécutés, 58 déportés en Australie et 27 libérés sous cautionnement.


21 DÉCEMBRE

Exécutions de Joseph Cardinal et Joseph Duquette.



- 1839 -



2 JANVIER

Joseph-Guillaume Barthe, poète, et Napoléon Aubin, journaliste, sont emprisonnés, l'un pour avoir écrit un poème aux exilés et l'autre pour l'avoir imprimé dans son journal, Le Fantasque.


18 JANVIER

Exécutions des Patriotes, Pierre Decoigne, François Hamelin, Joseph Robert, Ambroise et Charles Sanguinet.


11 FÉVRIER

Présentation du rapport Durham au Parlement de Londres.


15 FÉVRIER

Exécutions des Patriotes Charles Hindelang, Marie Thomas Chevalier Delorimier, Pierre-Rémi Narbonne, François Nicolas et Amable Daunais.


6 MAI

La Cour martiale instaurée par le général John Colborne le 28 novembre 1838 est dissoute après avoir accompli sa besogne meurtrière, mais les représailles continuèrent de plus belle.


27 SEPTEMBRE

Les 58 exilés quittent Québec à destination de l'Australie à bord de la frégate anglaise Buffalo, commandée par le capitaine Wood.


11 NOVEMBRE

Lord Thomson, le nouveau gouverneur convoque un Conseil spécial.


12 NOVEMBRE

6 Résolutions sont présentées au Conseil. Elles prévoient l'Union des deux Canada, la garantie d'une liste civile permanente, l'imputation de la dette du Haut Canada aux revenus des deux provinces et le remplacement de la Législature temporaire par une législature normale et permanente.


13 NOVEMBRE

Le Conseil adopte les résolutions présentées la veille.


18 NOVEMBRE

Lord Thomson part pour Toronto afin d'obtenir l'adhésion de la Législature du Haut Canada à son projet.


14 et 23 DÉCEMBRE

Le Conseil et l'Assemblée du Haut Canada acceptent le projet d'Union


23 JUILLET 1840

Sanction de l'Acte d'Union par la reine Victoria. Il entrera en vigueur le 10 février 1841.
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Les affrontements de 1837



Affrontement entre les Fils de la Liberté
et les membres du Doric Club

Montréal

6 novembre 1837

Les Fils de la Liberté avaient prévu un rassemblement dans la grande cour de l'auberge de Joseph Bonacina, rue Notre-Dame. Les membres du Doric Club croyaient que l'heure d'agir était venue. Ils firent placarder dans tout Montréal une affiche disant qu'il fallait écraser la rébellion à sa naissance et invitaient tous les Loyalistes à une réunion, le jour même à la Place d'Armes.

Les Fils de la Liberté sont paisiblement réunis dans la cour de l'auberge Bonacina. Soudain, venant de la rue, une grande clameur se fait entendre, des pierres commencent à tomber dans la cour. Les deux tiers des Fils de la Liberté sont partis; ils n'en restent que 200 ou 300.

Ce sont les membres du Doric Club qui viennent provoquer les Fils de la Liberté dans le but de créer une bataille dont les bureaucrates pourraient se servir comme moyen de répression envers les Patriotes.

Les Fils de la Liberté exaspérés par la provocation des bureaucrates, décident de sortir. Ils s'arment de bâtons et forment quatre colonnes, ouvrent la porte de la cour et sortent dans la rue au pas de charge. La foule voyant ces hommes avec autant de détermination s'ouvre pour leur laisser le passage, les membres du Doric Club fuient à toutes jambes en direction de la Place d'Armes.

Ils essayent de séparer le bataillon des Fils de la Liberté. Les pierres tombent de tout côté. Plusieurs coups de feu retentissent, mais personne n'est tué. Arrivés à la Place d'Armes, les Fils de la Liberté se séparent comme convenu. Ils sont à peine dispersé que les troupes de soldats et de Volontaires arrivent de tout côté pour arrêter le désordre en aidant ceux qui l'ont provoqué.

Un groupe des Fils de la Liberté et d'innocents passants sont attaqué et maltraité au coin de la rue Saint-Laurent et de la Commune. Thomas Storrow Brown est sauvagement agressé à coup de bâton à l'intersection de la rue Saint-Jacques et Saint-François Xavier, il en perdit l'usage d'un œil.

N'ayant plus d'ennemi à combattre, les membres du Doric Club se regroupent derrière les troupes de soldats et paradent dans les rues de Montréal en triomphateurs, sous les applaudissements des bureaucrates. Ils se vengèrent d'avoir fui devant des hommes de cœur, en s'attaquant à des personnes sans défense et à leurs biens.

Ils brisent les vitres de la maison de M. Papineau et vont ensuite saccager l'imprimerie de M. Louis Perrault sur la rue Saint-Vincent, où ils détruisent les presses du journal patriotique le Vindicator, dans le but de réduire au silence cet organe puissant de la cause Nationale.

Les Fils de la liberté se réunissent pour la dernière fois en ce jour du 6 novembre 1837, car quelques jours plus tard, leurs chefs sont jetés en prison sous l'accusation de haute trahison. Les Canadiens prennent les armes pour s'opposer à l'exécution des mandats d'arrestation.

Pendant que quelques-uns des Fils de la liberté languissaient dans les cachots, on trouvait les autres sur les champs de bataille de Saint Denis, Saint-Charles et de Saint-Eustache.




Embuscade des Patriotes qui libèrent deux prisonniers

Longueuil; les premiers coups de feu de la Rébellion

17 novembre 1837

Le connétable Malo est escorté d'un détachement de la MONTREAL VOLUNTEER CAVALRY, composé de dix-huit cavaliers commandés par le lieutenant Ermatinger. Ils reviennent à Montréal après avoir procédé à l'arrestation pour haute-trahison du notaire Pierre Paul Damaray et du docteur Joseph François Davignon à Saint-Jean. Comme les chemins sont boueux au lieu d'emprunter le chemin de Laprairie, Malo et sa suite s'engagent sur le chemin de Chambly, s'allongeant ainsi d'une dizaine de milles et dans une région où tout le monde est patriote.

Cahin-caha, soldats et prisonniers arrivent en vue de Chambly, vers les six heures du matin. Une vingtaine d'habitants veulent leur barrer la route, mais, sans fusils, ils doivent se disperser. Trois heures plus tard, Ermatinger et ses hommes vont atteindre Longueuil quand une femme se porte à leur rencontre pour les informer que les insurgés bloquent le chemin. Ces tirailleurs, sous les ordres de Bonaventure Viger, se postent à une lieue du village, autour de la maison de Joseph Trudeau. Ils sont bientôt rejoints par François Barsalou et des habitants de Chambly. Les soldats de la reine ne sont pas lents à s'amener. Viger les somme de lui remettre les prisonniers.

" Halte! crie-t-il à la troupe; livrez-nous les prisonniers au nom du peuple ".

" Attention! Crie Ermatinger en jurant, Go on! make ready! fire! ".

" Halte! Reprend Viger, livrez-nous les prisonniers ".

Pour toute réponse, la troupe d'Ermatinger tire sept à huit coups de fusils. Une balle effleure la jambe de Viger; une autre lui coupe l'extrémité du petit doigt. Les patriotes ripostent. Ironie du sort, le premier à tirer se nomme Patrick Murray.

Le capitaine Multon est atteint au genou. Le lieutenant Ermatinger reçoit du plomb à canard dans l'épaule et à la figure. Blessé, un nommé Woodhouse tombe de cheval. Une volée de balles arrache la casquette du brasseur John Molson junior, bureaucrate enragé. Effrayés, les chevaux se cabrent et partent à l'épouvante. La troupe ne tarde pas à faire de même.

Viger debout sur la clôture, se jette, l'épée à la main sur les deux chevaux qui traînent la voiture des prisonniers, et les frappe à coups redoublés, l'un des chevaux tombe. Malo accourt avec quelques hommes de la cavalerie et tire sur les prisonniers.

" Tu n'en tueras jamais d'autres ", lui crie Viger, en lui transperce la cuisse de son épée qui passe à travers le corps du cheval, le cheval s'affaisse sur son cavalier. Dans la confusion générale, Malo se tire péniblement de la mauvaise position où il se trouve, et parvient à se traîner jusque dans le four à pain de Joseph Trudeau où il se cache. Viger s'étant précipité, libère Damaray et Davignon qui par la suite sont conduits en triomphe chez le forgeron Olivier Fournier, de Longueuil, où ce dernier brise leurs fers.




La Bataille de Saint-Denis

Saint-Denis-sur-Richelieu; le baptême de sang de l'insurrection

23 novembre 1837

Débarqué à Sorel le 22 novembre au soir vers dix heures avec cinq compagnies de fusiliers, et un détachement de cavalerie avec une pièce de campagne, le colonel Gore apprend que de grandes forces s'apprêtent à lui barrer la route dans le village de Saint-Denis. Il fait déployer immédiatement ses troupes et donne l'ordre d'avancer toute la nuit.

Au matin du 23 vers dix heures, il fait froid, le temps est sombre. Une centaine de Patriotes armé de fusils, commandée par le Dr Wolfred Nelson est retranché au deuxième étage de la grosse maison en pierre de Mme Saint-Germain, et une trentaine d'autres dans la distillerie du Dr Nelson. Ceux qui n'ont pas d'armes se placent à l'abri des murs de l'église. Ils ont ordre d'attaquer l'ennemi, avec leurs faulx et leurs fourches à la première occasion qui se présentera.

Ils ouvrent un feu bien nourri et d'une grande précision. Devant ce tir plongeant, l'infanterie du colonel Gore est impuissante. Impuissante aussi est son artillerie contre les gros murs de la Maison Saint-Germain, sauf pour le premier coup qui pénétra par une fenêtre, tuant quatre Patriotes.

En ce jour historique, les cloches de l'église sonnent à tout vent, appelant les Patriotes au combat. Ils accourent de partout ces braves, la plupart n'ayant pour armes que des faux, des fourches ou des bâtons; troupe héroïque où l'on voit le père avec ses fils, l'enfant à côté du vieillard. Spectacle toujours émouvant du paysan transformé, par l'amour de la liberté, en soldat, et se battant avec les instruments de son travail, sans s'occuper du nombre de ses ennemis et de la puissance de leurs armes.

Le colonel Gore sonne la retraite vers les trois heures car les Patriotes des paroisses voisines commencent à affluer et à menacer les communications avec Sorel. La troupe laisse sur le terrain un matériel important dont un canon howitzer.

La bataille dura six heures et les pertes dans les deux camps se répartissent comme suit : six hommes de l'armé Anglaise ont été tués, 10 sont blessés et six ont disparu. Les pertes de l'armé Patriote s'élèvent à 12 morts et sept blessés.




La Bataille de Saint-Charles

Saint-Charles-sur-le-Richelieu

25 novembre 1837

Le 25, vers deux heures de l'après-midi, les troupes anglaises sont signalées, composées de cinq cents hommes bien équipés et armés, elles offrent un spectacle imposant. Elles avancent rapidement, met le feu aux maisons et aux granges, à celles surtout d'où on tir sur elles.

Le premier des avant-postes que le général patriote Brown a placé de distance en distance est commandé par Bonaventure Viger. Avec le capitaine Patrice Blanchard de Saint-Hyacinthe, ils soutiennent les premiers le feu de l'armé anglaise. Les deux hommes avec leurs groupes tiennent tête à l'ennemi durant de bons moments. Dans ce tumulte guerrier un soldat anglais est tué un autre est blessé, mais à l'exception d'une dizaine de Patriotes qui continuent à tirer en retraitant, les 60 autres s'enfuient rapidement vers le camp.

Les champs sont couverts de femmes et d'enfants affolés, fuyant devant les troupes. Brown, voyant parmi les fuyards un certain nombre de ceux qui ont pour armes des piques et des bâtons, ordonne à Desrivières d'aller les placer à l'entrée du bois. Il donne en même temps à Gauvin l'ordre de conduire à Saint-Hyacinthe quelques prisonniers. Lui-même, remet le commandement à Marchessault, part en disant qu'il va au village chercher les patriotes qui y sont disséminés. Après avoir parcouru le village, il reprend le chemin du camp en poussant devant lui quelques hommes mal armés.

Brown s'arrête un instant près de l'église pour voir quel usage il pourrait faire d'un ravin qui se trouve là, trois décharges d'artillerie le forcent à s'écarter du chemin. Il voit que la bataille est commencée, essaye de rallier les gens qui commencent à fuir, et s'aperçoit que tout est fini, il prend le chemin de Saint-Denis.

En effet, Brown avait à peine quitté le camp que le colonel Wetherall, avait installé son artillerie sur une colline dominant les retranchements Patriotes.

Wetherall prend son temps avant d'attaquer les retranchements, dans l'espoir que le déploiement de ses forces ferait réfléchir les insurgés et les déciderait à mettre bas les armes.

Mais les hommes renfermés dans le camp sont l'élite des Patriotes, des braves bien décidés à se battre. Ils sont deux cents dont une centaine armée de fusils, de vieux fusils à pierre tout délabrés, les autres sont munis de faulx, de bâtons et de piques.

Que peut faire cette poignée d'hommes mal armés, sans chefs, contre des forces si imposantes? Cependant, ces hommes, comme ceux de Saint-Denis sont résolus à se battre, rien ne peut les en empêcher. La nouvelle de la victoire de Saint-Denis avait achevé de leur monter la tête, de les enthousiasmer, ils veulent en faire autant.

Wetherall donne le signal de l'attaque. La bataille débute. Les premières décharges des Patriotes jettent la confusion dans le camp ennemi qui ne s'attendait pas à une attaque aussi vive et aussi nourrie. Les troupes ripostent par de l'artillerie.

Le colonel Wetherall fait alors avancer ses troupes à une autre position à cent verges des retranchements Patriotes. Tant que les retranchements tiennent bons, la victoire semble certaine; mais ils s'écroulent sous les salves répétés de l'artillerie.

Trouvant les gens obstinés à se défendre, Wetherall ordonne de charger de la baïonnette et de brûler tous les bâtiments qui se trouvent à l'intérieur de l'étau. Ce une véritable boucherie. Quelques Patriotes parviennent à s'échapper, la plupart soutiennent la charge avec héroïsme, n'ayant plus de munitions, ils se battent à coups de crosses de fusils.

Après avoir brûlé le camp et 5 maisons avoisinantes, les troupes anglaises entrent avec leurs chevaux dans l'église de Saint-Charles où elles passent la nuit. Le lieu sacré est livré à la profanation.

Au matin du 26 novembre, Wetherall apprend la défaite du colonel Gore à Saint-Denis. Si bien que, malgré sa victoire, il décide de rentrer à Montréal pour prendre ses ordres. C'est que déjà se prépare la campagne dans le comté de Deux-Montagnes.

Selon les estimations, sur les 200 Patriotes présents dans le camp, il y eut 32 tués incluant les blessés incapables de fuir. Ils furent tous massacrés sans pitié et 28 furent faits prisonniers. Les forces anglaises dénombrèrent 3 tués, 10 blessés sérieux et 8 blessés légers sur les 500 soldats présents.

Les deux paragraphes qui suivent, est le témoignage de George Bell, un des officiers anglais du régiment responsable de ces exactions.

En pénétrant dans le village, on ne fit pas de quartier; presque tous les hommes furent mis à morts; en fait, ils se battirent trop longtemps avant de songer à fuir, Plusieurs furent brûlés vifs dans les granges et les maison, qui furent incendiées car ils refusaient de se rendre. Les canons, les fusils et les poires à poudre explosèrent tout au long de la nuit dans les maisons en flammes, et le tableau qui se présenta à mes yeux le lendemain suivant était horrible. Des porcs qui s'étaient échappés dévoraient les corps calcinés de l'ennemi, brûlés dans les granges ou tués dans les rues; ces bêtes furent abattues par la suite.

Les pertes du côté des rebelles furent très lourdes; leur position était forte, et ils la défendirent désespérément; mais ils furent mis en totale déroute et reçurent une leçon qu'ils n'étaient pas près d'oublier. Nous fimes vingt-huit prisonniers détruisimes une grande quantité d'armes et de munitions, transperçâmes leurs deux canons et les coulâmes dans la rivière; nous brûlâmes chacune des maisons d'où une balle avait été tirée, et transformâmes le presbytère en hôpital et l'église en caserne.




Escarmouche de la Pointe-Olivier

(Saint-Mathias)

27 et 28 novembre 1837

Édouard-Élisée Malhiot rassemble plus d'un millier d'hommes à la Pointe-Olivier (Saint-Mathias) dans le but d'intercepter la troupe de Wetherall à son retour de Saint-Charles. Le 27 novembre, Malhiot se rend à Saint-Hilaire pour mieux évaluer la situation. Beaucoup de Patriotes considèrent que la force ennemie est trop importante et déserte d'une manière désordonnée.

Le 28 au matin, il ne reste que 300 Patriotes pour affronter les 500 hommes de troupe de Wetherall qui s'avancent vers Saint-Mathias. À l'approche de l'armé anglaise, une brève escarmouche éclate, les Patriotes doivent s'avouer vaincus et fuir. Ils abandonnent deux morts sur le terrain.

Par la suite, les troupes de Wetherall se rendent à Saint-Jean et retournent à La Prairie en train.




Affrontement de Moore's Corner

Moore's Corner, près de Philipsburg

6 décembre 1837

Un petit groupe de Patriotes, qui était passé aux États-Unis à la mi-novembre, réussit à s'y procurer des armes et revint au Canada le 6 décembre. À leur tête se trouve entre autres : le Général Mailhot, L Gagnon son aide de camp, et les officiers: Bouchette, Rodier, Duvernay, Beaudreault et 80 hommes. Ils traversent la frontière sans difficulté et prennent le chemin du Canada.

Vers 8 heures du soir, à trois quarts de mille environ de la frontière, à Moore's Corner, près de l'endroit où les chemins de Swanton et de Saint-Armand se croisent, l'avant-garde patriotique aperçoit, rangé en ordre de combat sur une colline, 300 Volontaires qui les attendent.

La lutte est impossible, mais les Patriotes ne veulent pas reculer sans avoir combattu. De leur position stratégique, les Volontaires tirent en direction des Patriotes. Ceux-ci sont obligés de s'approcher et de s'exposer pour les atteindre.

Ils retournent le feu durant 15 minutes, un Patriote est tué et quelques-uns sont blessés dans cet affrontement. Voyant la supériorité des forces ennemies et la possibilité d'être cerné, ils abandonnent le chargement d'armes et reprennent le chemin des États Unis.

Les Patriotes réfugiés aux États Unis furent affectés par cet échec, qui permit au Général John Colborne de concentrer toutes ses forces sur la rive nord dans le comté de Deux-Montagnes. Dans les jours suivants, eurent lieu la bataille de Saint-Eustache et le sac de Saint-Benoît.




Bataille de Saint-Eustache

14 décembre 1837

Le 14, les 1200 hommes de troupes anglaises sous le commandement du Général John Colborne encerclent le village de Saint-Eustache à partir de midi. Beaucoup de Patriotes se dispersent devant la supériorité des forces ennemies. Dès le début de l'attaque, Girod s'enfuit, abandonnant à leur sort ceux qu'il avait incités à prendre les armes. Plusieurs Patriotes l'imitent. Cependant, Chénier tient bon avec environ 200 hommes. Ils se barricadent, la plupart dont Chénier dans l'église, les autres dans les maisons avoisinantes et le couvent.

Colborne fait bombarder le village et s'empare successivement des retranchements Patriotes en les faisant incendier, forçant ainsi leurs défenseurs à sortir pour être tués ou faits prisonniers. Le dernier îlot de résistance, l'église du village, subit le même sort. Chénier et ses hommes sautent des fenêtres de l'église en flamme dans le cimetière et sont abattus par les soldats anglais en touchant le sol. Chénier essaye de se frayer un chemin, mail il ne peut sortir du cimetière. C'est là qu'une première balle le terrasse. Il se relève sur un genou, fait feu, mais une deuxième balle l'atteint en pleine poitrine, cette fois il reste étendu sur le sol.

La victoire anglaise est complète. Environ 70 Patriotes sont tués et 18 sont faits prisonniers.

Les conquérants anglophones poussent le massacre au seuil de la barbarie. Après le combat, vers 6 heures du soir, le corps du Dr Jean-Olivier Chénier est porté dans l'auberge de M. Addison. On l'étend sur le comptoir, on lui ouvre la poitrine, on lui arrache le cœur qu'on promène au bout d'une baïonnette, au milieu des imprécations d'un soldat frénétique. Le lendemain matin, vendredi 15 décembre, l'armée anglaise quitte Saint-Eustache pour Saint-Benoît où elle s'attend à rencontrer de la résistance.




Incendie de Saint-Benoît

15 décembre 1837

Extraits de la lettre de Jean-Joseph Girouard datée du 28 avril 1838 envoyée à un ami lors de sa détention à la Nouvelle Prison de Montréal.

Le 14 décembre, " j'étais à visiter nos postes, quand on vint nous dire que tout était perdu à Saint-Eustache. Je pris le parti qui me parut le plus sage en engageant les habitants à se retirer chez eux, et à demeurer tranquilles après avoir fait disparaître leurs armes et leurs munitions ".

" Saint-Benoît se trouvait nécessairement réduit à ses seules forces pour soutenir une double attaque, sans pouvoir espérer aucun secours des étrangers. Je vis, en ce moment, de nos braves, les larmes aux yeux et la rage dans le cœur, protesté qu'ils voulaient combattre en désespérés, parce que, disaient-ils, l'ennemi n'en ferait pas moins parmi nous les ravages commis à Saint-Eustache.

J'eus beaucoup de peine à les persuader que ce serait un parti plus téméraire que sage d'entreprendre de défendre nos postes, que la raison et l'humanité devaient nous engager à essayer d'éviter une ruine totale et l'effusion de sang ".

" Le lendemain matin, vendredi 15 décembre, les ennemis ne tardèrent pas à entrer dans les Éboulis le long du lac des Deux-Montagnes. Ils parcoururent lentement cette côte, s'arrêtant aux maisons marquées de proscription pour y commettre toutes sortes de brigandages, pillant tout ce qu'ils trouvaient sous leurs mains. Tous y prirent part, le ministre Abbott fit sa provision de dindes et autres choses, et M. Forbes que vous connaissez, se chargea de butin ".

" Le même jour au soir arriva à Saint-Benoît sir John Colborne, à la tête de toute l'expédition de Montréal, il y fut rejoint par les troupes et les loyaux venus par Saint-Andrew et Saint-Hermas. Le jour suivant, il se trouva à Saint-Benoît entre cinq à six mille hommes ".

" Un fait à remarquer avant d'aller plus loin, c'est que, peu après son départ de Saint-Eustache, sir John Colborne avait reçu une députation d'habitants de Saint-Benoît pour l'informer qu'ils n'avaient aucune résistance à lui opposer, et prier d'épargner les personnes et les propriétés. M. James Brown parut comme entremetteur, et d'après ce qu'il a rapporté lui-même, ou ce que l'on m'a dit, il ne devait être commis aucun acte de violence à Saint-Benoît non plus qu'à Saint-Hermas et à Sainte-Scholastique. C'est à M. Dumouchel même que M. Brown a communiqué ceci, avec d'autres choses que je ne puis rapporter ici ".

" Quoi qu'il en soit, l'on fit rassembler dans ma cour, qui est très large, un nombre considérable d'habitants, ils y furent mis en rang, et l'on braque sur eux deux canons par la porte cochère, en leur disant qu'on allait les exterminer en peu de minutes. Il n'est point d'injures et d'outrages dont on ne les accabla, et de menaces qu'on ne leur fit pour les intimider et les forcer à déclarer la retraite de tous ceux que l'on appelait leurs chefs. Aucun d'eux ne put ou ne voulut donner le moindre indice, et les indignités que les officiers leur firent endurer furent en pure perte ".

" Alors commencèrent des scènes de dévastation et de destruction comme on n'en vit jamais de plus atroces, le meurtre seul excepté, dans une ville prise d'assaut et livrée au pillage après un long et pénible siège ".

" Ayant complètement pillé le village, l'ennemi y mit le feu et le réduisit d'un bout à l'autre en un monceau de cendres ".

" Avant de mettre le feu à l'église, les soldats y étaient entrés et y avaient commis des profanations de toutes sortes. Les uns montèrent sur l'autel pour briser les reliquaires, les autres s'emparer des vases sacrés et les firent servir à satisfaire leurs besoins naturels, après avoir percé, déchiré et foulé les hosties à leurs pieds. On en vit ensuite se revêtir des ornements sacerdotaux qu'ils avaient volés dans la sacristie et attachés des étoles autour du cou de leurs chevaux ".

" Après avoir pillé tout ce qui se trouvait dans la maison et les bâtiments d'une ferme, et s'être emparés de tous les animaux, les barbares faisaient déshabiller les hommes, les femmes et les enfants, que l'on laissait presque nus à la porte de leur maison embrasée. Les dames Dumouchel, Lemaire, Girouard et Masson ne furent pas exemptes, à peine resta-t-il à ces dernières de quoi couvrir leur nudité ".

" La pauvre Olive, ma chère fille, elle que je chérissais tant et qui m'aimait si tendrement! Elle n'a pu survivre longtemps au froid et aux misères qu'elle a endurées. J'ai appris, ces jours derniers, la nouvelle de sa mort, et je vous avoue que ma sensibilité l'a emporté dans cette catastrophe, j'ai été affecté jusqu'à en être sérieusement malade, moi qui avais supporté avec tant de courage tous les autres malheurs dont nous avons été les victimes ".

" Les volontaires et les loyaux furent ceux qui commirent le plus de cruautés et de dépravations. Ils s'en retournèrent chez eux avec un nombre considérable d'animaux et de voitures chargées de lits, meubles, grains et autres provisions, instruments d'agriculture et autres effets. Ainsi des familles nombreuses auxquelles ils avaient arraché tout ce qu'elles possédaient, jusqu'à leurs vêtements, ont été obligées de mendier quelque nourriture pour subsister et quelques couvertures pour se garder du froid ".

" L'ennemi continua ses dévastations dans plusieurs autres concessions ".

* L'armé anglaise les volontaires et les loyaux incendièrent 2 églises, 2 presbytères, 1 couvent, 4 moulins, 111 maisons, 124 granges pleines, 168 autre bâtiments et pillèrent 500 familles.

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Les affrontements de 1838



Déclaration d'indépendance
de la République du Bas-Canada

Caldwell Manor (Noyan)

15 décembre 1837 au 28 février 1838

Les chefs Patriotes réfugiés aux États Unis, s'emploient à concentrer du matériel près de la frontière du Bas-Canada. Les partisans du Vermont leur procurent des armes prises dans les différents arsenaux de l'état de New York.

Pendant ce temps, des émissaires britanniques parviennent à assurer une entente. Aussi, le 5 janvier le président Martin Van Buren des États-Unis proclame la neutralité de son pays et menace de poursuivre tout ceux qui la compromettraient.

Une profonde division surgit dans les rangs patriotiques. Le chef Louis Joseph Papineau et quelques autres, réalisent qu'ils ne peuvent compter que sur leurs propres forces pour mener la révolution. Ils choisissent la voie diplomatique, prétextant que les Canadiens n'ont pas les connaissances suffisantes pour affronter une armée bien organisée. De son coté, le chef Robert Nelson, son frère Wolfred, et le docteur Hector Coté décident d'organiser dans les plus brefs délais, la lutte armée pour mener à terme la révolution.

Le 27 février, Robert Nelson rassemble entre 600 et 700 Frères Chasseurs et sympathisants américains dans le but d'envahir le Bas-Canada. Ils se rendent à Alburg dans le Vermont.

Le 28 février, Nelson ordonne le rassemblement de ses hommes, presque tous les Américains ont quitté les lieux et il se retrouve avec quelques centaines d'hommes. Malgré ce contre-temps, Nelson donne l'ordre de départ. Ils traversent la frontière, et se rendent dans les environs de Caldwell's Manor (Noyan), ils y plantent un arbre de la liberté et Nelson proclame l'instauration de la République du Bas-Canada. Peu après, les Patriotes sont prévenus que les troupes ennemies se dirigent vers eux. Leurs armes ayant été saisies par les douaniers américains, ils retournent aux États-Unis.




Le camp de Saint-Constant

3 novembre 1838

Les Patriotes se réunissent à Saint-Constant, ils font le tour du village et y désarment les Volontaires. Dans la soirée, quelques Patriotes commandés par Joseph Robert visitent des Volontaires à la rivière à la Tortue. Ils frappent à la porte d'un certain Vitty mais celui-ci refuse de les laisser entrer, d'autres Volontaires s'y trouvent. Une brève fusillade s'en suit.

Les Patriotes investissent la maison, les Volontaires tentent de répliquer. Vitty est blessé et Aaron Walker est tué. Les Patriotes saisissent les armes qui s'y trouvent. Le lendemain, quelque 200 Patriotes sont rassemblés sous le commandement de Médard Hébert. Le camp de Saint-Constant devrait se rallier à celui de Laprairie mais Hébert décide de rejoindre le grand camp de Napierville le 6 novembre.




Le camp de Terrebonne

4 au 8 novembre 1838

Terrebonne était le centre de ralliement fixé aux Patriotes du nord de Montréal. De nombreuses personnes y avaient prêté le serment d'allégeance des Frères Chasseurs. Les notables locaux étaient réfractaires à l'établissement de l'organisation des Frères Chasseurs dans cette ville. Ils voulaient un bain de sang semblable à celui de Saint-Eustache ou Saint-Benoît. Dès que les rebelles devinrent dérangeants, ils appelèrent la police.

Le 4 novembre, une douzaine de policiers arrivent de Montréal. Ils arrêtent Éloi Marier, mais les autres chefs ayant eu vent de leur arrivée se cachent. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, le peloton de policiers tente d'investir la maison de Charles Guillaume Bouc. Une dizaine de Patriotes qui y sont retranchés, réplique par les armes, un policier est blessé. Devant la détermination des Patriotes, les forces policières retraitent pour aller chercher des renforts. À leur retour les Patriotes avaient disparu. Les forces policières criblent la maison de balles et tentent d'y mettre le feu.

Le lendemain, le 8 novembre, un fait unique survient dans les anales de la rébellion, une rencontre a lieu entre les Loyalistes et les Patriotes et une entente de paix locale est signée. Pus tard, les autorités ne tinrent pas compte de cet accord et poursuivirent six Patriotes en cour martiale.




Le camp Baker de Sainte-Martine

9 novembre 1838

Le 7 novembre, les Patriotes de Beauharnois sont informés que 800 Volontaires et soldats se dirigent en direction du champ Baker. Aussitôt, un groupe de 200 Patriotes commandé par le Chevalier de Lorimier et François-Xavier Prieur, se rendent à Sainte-Martine.

Le 9 novembre au matin, l'atmosphère est fébrile dans le camp, 500 hommes sont en attente, l'ennemi n'est pas loin. Le commandant des Patriotes, le Dr Perrigo, s'est absenté pour vérifier si rien ne menace les arrières et le bon ordre du camp. Soudain, les Britanniques débouchent par le grand chemin. Les Patriotes demandent à l'officier M. Neveu de prendre le commandement. Celui-ci, aussi enthousiasmé et impatient que les autres, ordonne l'attaque.

Les Patriotes s'élancent à travers champs en direction de l'ennemie en criant. Ils s'approchent en le prenant en écharpe, ils tirent une première salve qui ne porte pas car trop loin. Mais le bruit de la salve, joint aux cris déconcerte les Anglais. Profitant de la panique pour se rapprocher, les Patriotes rechargent leurs armes sans ralentir leurs cris et à peine leur cours, pourchassant l'adversaire au travers les guérets, fossés et clôtures en tirant à volonté.

Une salve mal dirigée de l'ennemi passe au-dessus de la tête des Patriotes. Aucun d'entre eux n'est blessé, pas plus que par les salves suivantes. Enfin, touchant presque à l'ennemie, une dernière salve retenti à travers les clameurs patriotiques, ceci achève de démoraliser les quelques centaines d'Anglais qui battent en retraite en emportant 2 morts et plusieurs blessés.

Voyant les Patriotes se mettre à la poursuite de l'ennemi en fuite, Perrigo qui était venu les rejoindre aux premières salves, s'avance et donne ordre de tout arrêter, ceux-ci obéirent avec la mort dans l'âme, plusieurs d'entre eux vinrent lui faire des rapproches entre autres Chevalier de Lorimier, lui en firent sûr le champ de sanglants reproches.

Après la bataille, les Patriotes du camp Baker reçurent ordre de se concentrer à Napierville. Arrivés à Lapigeonnière, ils apprirent que leur victoire avait été inutile quand un courrier les informa de la défaite de Robert Nelson à Odelltown. Durant la nuit du 9 au 10 novembre, les Patriotes tenaient conseil sous le commandement de James Perrigo pour décider d'une stratégie à adopter face à cette nouvelle situation. Par la suite, Perrigo donna ordre de dispersion.




Le camp de Beauharnois

3 au 5 novembre 1838

À Beauharnois, Joseph Dumouchel et le Dr Jean Baptiste Henri Brien prennent des initiatives. Ils se rendent d'abord au magasin du chef des Volontaires locaux David Normand. Une douzaine de Volontaires sont réunies à la hâte par leur chef, et tentent de résister mais, après quelques salves, se rendre.

Les Patriotes s'emparent des armes et munitions qu'ils trouvent dans le magasin puis se déplacent ensuite au manoir Ellice ou ils capturent le seigneur Ellice lui-même secrétaire privé et neveu de lord Durham, sa famille et quelques autres personnes; ces derniers sont conduits à Chateauguay.

Le 5 novembre, les Patriotes s'emparent du bateau à vapeur Henry Brougham, le font couler et le rendent inutilisable pour le transport des troupes ennemies.




Chateauguay

3 au 10 novembre 1838

Le 3 novembre, les Patriotes visitent les Volontaires locaux pour les désarmer. Le 4 novembre, Joseph Cardinal et Joseph Duquette, à la tête de 80 hommes environ, se rendent dans la réserve iroquoise de Caughnawaga (Kanawake) pour acquérir des armes. Les Iroquois (Mohawk) déjà prévenus tendent un piège aux Patriotes et en capturent environ 60, qu'ils livrent le jour même aux autorités de Montréal.

À la suite de cet événement, Léandre Ducharme prend le commandement des Patriotes rescapés et attend les ordres de Napierville. Dans les jours suivants, ils s'exercent à des manœuvres militaires.

Le 10 novembre, Ducharme et ses hommes prennent en otage le seigneur Ellice de Beauharnois et des Volontaires capturés, puis se dirigent vers Napierville. Chemin faisant, les Patriotes apprennent la défaite d'Odelltown, un conseil est tenu, la décision de relâcher les prisonniers et de se disperser est prise.




Le grand camp de Napierville

3 au 11 novembre 1838

Samedi après-midi 3 novembre, les différents officiers Patriotes de Napierville et des environs circulent un peu partout pour capturer les Loyaux et informer les Frères Chasseurs des différents lieux de rassemblement.

Un groupe d'officiers avec le concours de 300 à 400 Patriotes prennent d'assaut le village de Napierville. Toutes les issues sont fermées et les Loyaux sont emprisonnés sur le champ.

Par un temps pluvieux, dimanche matin 4 novembre, le Dr Robert Nelson accompagné de deux officiers français (Touvrey et Hindelang) fait son entrée sous les applaudissements chaleureux des Patriotes.

Le docteur Côté va à leur rencontre puis les présente à la foule. Il dit, s'adressant aux Patriotes : " messieurs, je vous présente l'homme que nous attendons avec tant d'impatience et de confiance, Robert Nelson, le chef des Patriotes et le président de la future république canadienne. Voilà notre chef messieurs, il est venu au milieu de nous comme il l'a promis, il vient se mettre à notre tête pour arracher le pays à la tyrannie et conquérir l'indépendance du Canada ".

Le Dr Nelson prend la parole :

" Mes amis, je n'ai qu'un mot à vous dire, merci pour votre accueil. J'espère que je saurai mériter votre confiance, la tâche que nous entreprenons est difficile, mais elle n'en sera que plus glorieuse. L'année dernière, vous avez été écrasés parce que vous n'aviez pas d'armes, mais cette année nous triompherons parce que nous aurons ce qu'il nous faut, de l'argent, des hommes et des fusils. Courage, mes amis, et soyez convaincu qu'avant longtemps nous aurons délivré notre pays de la tyrannie et conquis la liberté ". Ces paroles sont accueillies par des hourras enthousiastes.

À la fin de son discours, le Dr Nelson introduit les officiers français. Il souligne la présence de Hindelang, en précisant qu'il est un de ceux qui ont participé à la glorieuse révolution française de 1830. À la demande du Dr Nelson, Charles Hindelang se voit confier la tâche de faire une armée de ces Patriotes.

Il y a à Napierville cinq ou six cent homme. Un nombre croissant de Patriotes afflue au camp toute la journée et les jours suivants. Au plus fort du rassemblement patriotique, on compte de deux à trois mille hommes.




Les batailles de Lacolle

6 et 7 novembre 1838

LA PREMIÈRE BATAILLE

Le 6 novembre, vers six heures du matin une soixantaine de Patriotes avec à leurs têtes, le Dr Côté et Julien Gagnon quittent le grand camp de Napierville pour aller chercher des renforts américains en hommes et armes à Rouses Point (NY).

En cours de route, le détachement des Patriotes doit soutenir une escarmouche contre 70 Volontaires retranchés dans le vieux moulin Stone Mills de Lacolle, ces derniers tirent la première salve. L'officier français Touvrey qui se trouvait plus au sud, vint rejoindre le Dr Côté, Touvrey prend le commandement et ordonne l'assaut.

La fusillade dure 1 heure. Les Volontaires abandonnent le moulin et s'enfuient en direction d'Odelltown. Les Patriotes reprennent leur marche et se rendent à destination, mais l'alerte est donnée, les Volontaires d'Odelltown et des environs se mobilisent.

LA DEUXIÈME BATAILLE

Le 7 au matin, les Volontaires sont affairés à démanteler un pont qui franchi un ruisseau. Les Patriotes les aperçoivent, ils s'approchent, l'ennemi fait feu et recule. Le Dr Côté donne ordre de retour vers Napierville. Après avoir récupéré les armes et munitions, ils chargent en direction de l'ennemi après que le sympathisant américain Benjamin Mott eut tiré un coup de canon. Toutefois, les deux partis gardent leurs distances.

Quelques instants auparavant, des détachements de Volontaires avaient convergé sur les lieux avec, à leur tête, le major Scriver. Les 171 Patriotes devaient maintenant faire face à 400 hommes. Le major Scriver avait eu le temps d'établir une stratégie; diviser ses détachements dans le but d'encercler les Patriotes.

Du côté des Patriotes, le colonel polonais Oklowski concentre ses hommes au centre et sur le flanc gauche. Le flanc droit est négligé. Quand les Volontaires du major Scriver commencent à être débordés, le lieutenant-colonel Odell vint à leur aide tandis que Weldon surgit sur le flanc droit des Patriotes. Une partie des Patriotes du centre doivent concentrer leur tir sur leur flanc droit pour empêcher l'ennemi d'avancer au point de couper toute retraite. Au même moment, leur centre faiblit et n'arrive plus à contenir l'ennemi. Les Patriotes doivent abandonner leur convoi d'arme et se résigner à retraité, la plupart vers Roses Point aux États Unis.

La défaite de la deuxième bataille de Lacolle signifie une perte d'armes, vitale au ravitaillement des forces patriotiques et interrompt les communications entre Nelson à Napierville et Rouses Point aux États-Unis. Cet affrontement est un des points tournants de l'échec de la deuxième insurrection des Patriotes.




La Bataille d'Odelltown

(Notre-Dame-du-Mont-Carmel)

9 novembre 1838

Afin de rétablir les relations avec la frontière, le Dr Robert Nelson et l'armée de 400 Patriotes qu'il commande, tentent de marcher sur Odelltown. Il était entendu que les Patriotes qui n'avaient pas de fusils prendraient ceux des ennemis qui seraient tués pendant le combat.

Devant la marche de cette armée, les Volontaires loyalistes au nombre de trois cents, étaient bien armés, pourvu de munitions, en possession d'un canon, et fortement retranchés dans l'église d'Odelltown où s'établit un front.

Les Patriotes s'avancent en trois colonnes et le combat commença à 11 heures de l'avant-midi. Dans le feu de l'action un groupe de Patriotes s'est embusqué derrière une grange qui s'avère être un endroit tragique pour contenir les Volontaires cachés dans l'église.

Les Volontaires, furieux de voir les ravages que font parmi eux les balles des Patriotes embusqués derrière la clôture et surtout derrière la grange, décident de porter un coup mortel en mettant le feu à cette grange. Après plusieurs tentatives qui coûtent la vie à sept ou huit hommes, ils parviennent à leur objectif. Les Patriotes privés de cet abri rejoignent ceux qui combattent derrière la clôture, une position moins avantageuse.

Vers 3 heures de l'après-midi, les Volontaires font reculer les Patriotes grâce aux renforts de Hemmingford et de l'isle-aux-noix qui opèrent leur jonction. Le major Hébert, voyant la situation, crie aux Patriotes qui l'entoure: ``nous sommes perdus``. Un conseil des officiers est tenu à la hâte, l'ordre de retraité est donné.

L'armée patriote retraite ensuite sur Napierville où elle arrive au coucher du soleil. Avant d'arriver au camp, ils rencontrent des courriers qui leur apportent la nouvelle de l'arrivée et campement, à 1/2 lieue de Napierville, de John Colborne, chef des forces armées des deux Canadas, à la tête de 2000 hommes.

À 7 heures, un Conseil de Guerre est tenu. Devant l'impossibilité d'organiser toute résistance, les chefs Patriotes prennent la décision de quitter. Vers 8 heures, une vingtaine d'officiers et généraux partent en secret de peur d'être livrés à l'ennemi par leurs hommes mécontents. Le lendemain matin samedi 10 novembre, ne trouvant plus leurs chefs, les soldats Patriotes se dispersent, et beaucoup d'entre eux laissent leurs armes.




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Déclaration d'indépendance de
la République du Bas-Canada



Caldwell's Manor (Noyan)

28 février 1838

Attendu que le solennel contrat fait avec le peuple Bas-Canada et enregistré dans le livre des Statuts du Royaume Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, le 31e chapitre des Actes passé dans la 31e année du règne du Roi George III, a été continuellement violé par le Gouvernement Britannique, et nos droits usurpé;

Et attendu que nos humbles pétitions, adresses, protêts, remontrances contre cette conduite préjudiciable et inconstitutionnelle, ont été faits en vain; - que le gouvernement britannique ait disposé de notre revenu sans le consentement constitutionnel le notre législature locale, qu'il a pillé notre trésor, qu'il a arrêté et emprisonné grand nombre de nos concitoyens, qu'il a répandu par tout le pays une armée mercenaire dont la présence est accompagnée par la consternation et l'alarme, dont la trace est rougie du sang de notre peuple, qui a réduit nos villages en cendres, profané des temples, et semé par tout le pays la terreur et la désolation;

Et attendu que nous ne pouvons plus longtemps souffrir les violations répétées de nos droits les plus chers et supporter patiemment ; - Outrages et les cruautés multiples du gouvernement du Bas-Canada, Nous, au nom du peuple du Bas-Canada, reconnaissant décrets de la divine Providence qui nous permet de renverser le gouvernement qui a violé l'objet et l'intention de sa création de faire choix de cette forme de gouvernement qui rétablira l'emploi de la justice, assurera la tranquillité domestique, pourvoira à la défense commune, augmentera le bien général, et garantira à nous et à notre postérité les avantages de la liberté civile et religieuse;



Déclarons solennellement:

1. Que de ce jour et à l'avenir, le peuple du Bas-Canada est libre de toute allégeance à la Grande-Bretagne, et que le politique entre ce pouvoir et le Bas-Canada, est maintenant rompu.

2. Qu'une forme républicaine de gouvernement est celle convient le mieux au Bas-Canada, qui est ce jour déclaré être une république.

3. Que sous le gouvernement libre du Bas-Canada, tous les individus jouiront des mêmes droits : les sauvages ne seront plus soumis à aucune disqualification civile, mais jouiront des mêmes droits que tous les autres citoyens du Bas-Canada.

4. Que toute union entre l'Église et l'État est par la présente déclarée être dissoute, et toute personne aura le droit d'exercer librement telle religion ou croyance qui lui sera dictée par sa conscience.

5. La tenure féodale ou seigneuriale des terres est par la présente abolie, aussi complètement que si telle tenure n'est jamais existé au Canada.

6. Que toute personne qui prendra les armes ou qui donnera autrement de l'aide au Canada, dans sa lutte pour l'émancipation, sera et est déchargée de toutes dettes ou obligations réelles ou supposées résultant d'arrérages des droits seigneuriaux ci-devant en existence.

7. Que le douaire coutumier est. pour l'avenir, aboli et prohibé.

8. Que l'emprisonnement pour dettes n'existera pas davantage excepté dans certains cas de fraude qui seront spécifiés, dans un acte à être plus tard passé à cette fin par la Législature du Bas- Canada.

9. Que la condamnation à mort ne sera plus prononcée ni exécutée, excepté dans les cas de meurtre.

10. Que toutes les hypothèques sur les terres seront spéciales et pour être valides seront enregistrées dans des bureaux à être établis pour cette fin par un acte de la Législature du Bas-Canada.

11. Que la liberté et l'indépendance de la presse existera dans toutes les matières et affaires publiques.

12. Que le procès par jury est assuré au peuple du Bas-Canada dans son sens le plus étendu et le plus libéral, dans tous les procès criminels, et aussi dans les procès civils au-dessus d'une somme à être fixée par la législature de l'État du Bas-Canada.

13. Que comme une éducation générale et publique est nécessaire et est due au peuple par le gouvernement, un acte y pourvoyant sera passé aussitôt que les circonstances le permettront.

14. Que pour assurer la franchise électorale, toutes les élections se feront au scrutin secret.

15. Que dans le plus court délai possible, le peuple choisisse des délégués, suivant la présente division du pays en comtés, villes et bourgs, lesquels formeront une convention ou corps législatif pour formuler une constitution suivant les besoins du pays, conforme aux dispositions de cette déclaration, sujette à être modifiée suivant la volonté du peuple.

16. Que chaque individu du sexe masculin, de l'âge de vingt et un ans et plus, aura le droit de voter comme il est pourvu par la présente, et pour l'élection des susdits délégués.

17. Que toutes les terres de la Couronne, et aussi celles qui sont appelées Réserves du Clergé, et aussi celles qui sont nominalement la possession d'une certain compagnie de propriétaires en Angleterre appelée "La Compagnie des Terres de l'Amérique britannique du Nord" sont de droit la propriété de l'État du Bas-Canada, et excepté telles parties des dites terres qui peuvent être en possession de personnes qui les détiennent de bonne foi, et auxquelles des titres seront assurés et accordés en vertu d'une loi qui sera passée pour légaliser la dite possession et donner un titre pour tels lots de terre dans les townships qui n'en ont pas, et qui sont en culture ou améliorés.

18. Que les langues française et anglaise seront en usage dans toutes les affaires publiques.

Et pour l'accomplissement de cette déclaration, et pour 1e soutien de la cause patriotique dans laquelle nous sommes maintenant engagés avec une ferme confiance dans la protection du Tout-Puissant et la justice de notre conduite, - nous, par ces présentes, nous engageons solennellement les uns envers les autres, nos vies et nos fortunes et notre honneur le plus sacré.



Par ordre du gouvernement provisoire.

ROBERT NELSON, Président.



Source site Internet : 1837 Nos Héros



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Nouvelle Prison de Montréal

LES DOUZE PATRIOTES PENDUS AU PIED-DU-COURANT




Au lendemain de l'affrontement sanglant entre les 6,000 soldats de Colborne et les quelque 1,000 patriotes dirigés par Robert Nelson, à Odelltown près de la frontière, au début de novembre 1838, on comptait 50 morts et 50 blessés parmi ces derniers.

Les troupes ont pourchassé les patriotes, les dispersant du côté de Beauharnois, dont le village a été brûlé par les « Glengary Volunteers » - Ontariens d'origine écossaise. Toutes les maisons des patriotes connus ont été incendiées.

Le 19 novembre, Colborne détient 753 prisonniers dont 99 sont condamnés à mort. Léandre Bergeron, dans son Petit manuel d'histoire du Québec, raconte que Adam Thom du « Montreal-Herald » réclame des exécutions immédiates. « Il serait ridicule d'engraisser cela tout l'hiver pour le conduire plus tard à la potence », écrit le journaliste montréalais.

Colborne ordonne donc l'exécution publique de 12 patriotes. Les exécutions auront lieu devant la prison de Montréal, au Pied-du-Courant, à l'angle des rues Notre-Dame et de Lorimier, où se dresse aujourd'hui un monument à la mémoire des douze pendus.

Quant aux autres condamnés, on sait que 58 d'entre eux ont été déportés en Australie, dans des colonies pénitentiaires, deux ont été bannis du pays et 27 ont été libérés sous caution. La sentence de la majorité des condamnés à mort a été commuée.





Qui étaient les douze patriotes pendus?


Pour répondre à cette question, nous avons fouillé dans « l'Histoire des patriotes », de Gérard Filteau, dans « Peuple de la nuit », de Joseph Costisella, et dans le « Petit manuel d'histoire du Québec », de Léandre Bergeron:


CARDINAL JOSEPH NARCISSE

Notaire domicilié à Châteauguay et député du comté de Laprairie de 1834 à 1838, il fut l'un des principaux chefs de la société anticolonialiste des Chasseurs. Après avoir été trahi par les Iroquois, Cardinal a été condamné à la pendaison. Il avait alors quatre enfants et sa femme en attendait un cinquième. Les supplications de sa femme auprès de Colborne n'ont pas suffi à obtenir grâce pour le patriote.

Avant de monter à la potence le 21 décembre 1838, il avait écrit à sa femme : « Le seul regret que j'ai en mourant, c'est de te laisser, chère amie, ainsi que cinq pauvres malheureux orphelins, dont l'un est encore à naître ». Il avait 30 ans et 10 mois.



DUQUETTE JOSEPH

Âgé de 22 ans, Duquette étudiait pour devenir notaire. Membre des Fils de la liberté, il a été trahi et livré aux Anglais, après quoi il a été condamné à mort. Il est monté à la potence le 21 décembre 1838 et fut pendu longtemps... Parce que dans son cas ce fut long.

Costisella écrit: « Le bourreau avait mal ajusté la corde. Dans les convulsions du pendu, on vit le corps de Duquette aller de droite à gauche, puis frapper violemment la charpente ferrée de l'échafaud. Son visage se remplit de meurtrissures, le sang se mit à couler sur ses vêtements. Il vivait toujours. La foule hurla de dégoût et demanda sa grâce. Mais, sur les ordres de l'occupant, le bourreau saisit la corde, ramena le supplicié sur l'échafaud et recommença son œuvre de mort. Il fallut 20 minutes et deux cordes pour l'assassiner ».



DECOIGNE PIERRE THÉOPHILE

Pierre-Théophile est né le 13 mars 1808 à Saint-Philippe-de-Laprairie, fils de Louis Decoigne et Marguerite Bezeau. Il épouse Mary McCabe, une américaine, à Napierville, le 16 octobre 1832, ils auront 2 enfants. Il est d'abord hôtelier à Napierville, puis admis notaire le 6 octobre 1837. Avec ses frères, Louis-Mars et Olivier, il participe à plusieurs manifestations entre autres les Assemblés publics tenus au cours de l'année 1837. Il prend une part active aux charivaris contre les employés du gouvernement.

Decoigne, est perçu comme un chefs dur, décidé, extrémiste et redouté. Il a joué rôle important au niveau du recrutement des troupes patriotes. Son influence était importante et il aimait prendre les devants. Membre des Frères Chasseurs, Decoigne est choisi par les patriotes de son voisinage comme capitaine le 3 novembre 1838. Il est sous les ordres de Cyrille-Hector Octave Côté et Julien Gagnon. Il fut chargé de commander l'avant-garde qui surveillait les troupes de l'Ile aux Noix.

Le 9 novembre 1838, il participe à la bataille d'Odelltown. À cette bataille il se fait remarquer pour sa bravoure et son courage. Après la défaite, il tente de se réfugier aux États-Unis. Il est capturé près de la frontière le 11 novembre et incarcéré à la prison de Montréal le 14 novembre. Il est jugé par une cour martiale et pendant son procès aucun témoin ne peut lui reprocher quoi que ce soit. Pourtant il est condamné à la pendaison.

Il est pendu le 18 janvier 1839, à Montréal. Il était alors âgé de 30 ans. Dès le 14 avril, tous ses biens furent vendus. En 1852, sa femme reçu une indemnité.



HAMELIN FRANÇOIS-XAVIER

Cultivateur, Hamelin devint lieutenant dans l'armée de la résistance. Il a pris une part active dans le combat au cours duquel Walker fut abattu, et il est mort pendu à l'âge de 23 ans (d'autres disent 18 ans), le 18 janvier 1839.



ROBERT JOSEPH JACQUES

Un cultivateur de 54 ans qui a été capitaine dans la milice, pour devenir commandant de l'armée de la résistance. Marié et père de cinq enfants, il est mort par pendaison le 18 janvier 1839.



DAUNAIS AMABLE

Cultivateur et résistant qui fit partie du conseil de guerre qui prononça la condamnation à mort d'un espion nommé Chartrand. Après avoir été acquitté une première fois par un jury canadien-français, Daunais avait repris les armes avec Nelson. Il a été condamné à être pendu et le fut à l'âge de 20 ou 21 ans, le 15 février 1839. Il était célibataire.



SANGUINET AMBROISE

Cultivateur, marié et père de deux enfants, Sanguinet, âgé de 38 ans, a été pendu le 18 janvier 1839, à neuf heures du matin. Il habitait Saint-Philippe et était devenu capitaine dans la résistance. Il appartenait à une famille « ruinée et volée par le tyran Craig » (Joseph Costisella).



SANGUINET CHARLES

Cultivateur à Saint-Philippe également et lieutenant dans la résistance. Il était le frère d'Ambroise et est mort à la potence, le 18 janvier 1839, à l'âge de 36 ans.



DE LORIMIER CHEVALIER FRANCOIS-MARIE-THOMAS

Descendant d'une famille noble, il était un notaire aisé qui s'est fait résistant à l'occupation. Arrêté le 12 novembre 1838, il fut condamné à mort le 20 décembre après avoir été l'un des chefs les plus actifs de la résistance, et avoir travaillé activement à l'organisation de la lutte armée.

De Lorimier avait 30 ans, était marié et père de trois enfants lorsqu'il est monté au gibet d'un pas ferme, le 15 février 1839. La veille de sa mort, depuis sa cellule de la prison de Montréal, il avait rédigé son testament politique qui se terminait ainsi: « ... Et je meurs en m'écriant: vive la liberté, vive l'indépendance!»



NARBONNE PIERRE RÉMI

Peintre et huissier, marié et père de deux enfants, mort pendu. Colonel dans la résistance, Narbonne a été arrêté par des mercenaires mais il a été amnistié en juillet 1838, après la mort de sa femme qui laissait trois enfants en bas âge. Il a repris les armes, notamment lors de la bataille d'Odelltown, et fut fait prisonnier à nouveau puis condamné à mort. Lui aussi a eu une pendaison longue le matin du 15 février 1839.

A ce propos, Costisella écrit: « Le spectacle de son assassinat fut ignoble. Il était manchot, et dès que la trappe s'ouvrit, il saisit de sa seule main valide la corde meurtrière. Un mercenaire se précipita, et le frappa sauvagement à coups de crosse de fusil sur le visage et le bras. Ensanglanté, la figure tuméfiée, Narbonne lâcha prise. Puis il ressaisit à nouveau la corde avec sa main blessée. Plusieurs mercenaires s'acharnèrent à nouveau sur lui, dans une sauvagerie inouïe, au milieu des applaudissements barbares de la foule anglo-saxonne, et des protestations indignées des Québécois présents. La manœuvre se répéta deux ou trois fois. Son affreuse agonie dura environ 15 minutes ».



NICOLAS FRANÇOIS

Instituteur né à Québec, Nicolas participa à la bataille de Saint-Denis, où l'occupant essuya la défaite. Arrêté en juillet 1838, il a été poursuivi pour sa participation à l'exécution de l'espion Chartrand, mais un jury formé de Québécois l'avait acquitté, l'exécution s'étant déroulée conformément aux lois de la guerre. Libéré, François Nicolas refit surface lors de la bataille d'Odelltown, et il fut arrêté le 18 janvier 1839. Il monta sur le gibet le 15 février 1839 en déclarant à vive voix: « Je ne regrette qu'une chose, c'est de mourir avant d'avoir vu mon pays libre, mais la providence finira par en avoir pitié, car il n'y a pas un pays plus mal gouverné dans le monde». Il est mort à 41 ans.



HINDELANG CHARLES

D'origine française, Hindelang a été amené dans la cause de l'indépendance par le fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste, Ludger Duvernay, qui avait dû se réfugier aux États-Unis. Hindelang, fut nommé général de l'armée de la résistance et, après la défaite, il se laissa arrêter. Jugé et condamné le même jour, soit le 22 janvier 1839, par « un simulacre de cour martiale », exécuter par pendaison le 15 février 1839, il plaisanta jusqu'au dernier moment et encouragea ses camarades de combat. Mort à 29 ans.


Sources :
La guerre des Patriotes LE LONG DU RICHELIEU de Réal Fortin, pages 58, 59, 60, Éditions Mille Roches inc.
Gilles Normand, La Presse du 17 novembre 1979.


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Balthazar
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Prison de Montréal 14 février 1839

LE DERNIER SOUPER




[...] La veille de l'exécution, les prisonniers obtinrent la permission de donner un banquet à leurs infortunés compatriotes. C'était le souper des Girondins. On mangea peu à ce souper, les cœurs étaient trop serrés, mais la scène fut émouvante. Au dessert, l'héroïque de Lorimier proposa le toast suivant:

Ma patrie puise-t-elle ne jamais oublier que nous sommes morts pour elle sur l'échafaud! Nous avons vécu en patriotes et nous mourrons en patriotes! À bas les tyrans! Leur règne achève. Hindelang ayant été appelé à répondre à ce toast, fit un discours pathétique.

" Mes frères, par l'infortune, dit-il, je suis presque un étranger pour vous, nos relations ne datent que de quelques semaines; c'est au camp de Napierville et sur le champ de bataille d'Odelltown que je vous ai connus la plupart. Mais notre attachement n'en est pas moins profond, car nous sommes liés par le même amour de la liberté, et nous sommes les enfants de la même mère, la France! Ô France chérie, tu as reçu mon premier soupir, ton fils qui va mourir demain sur une terre étrangère, t'aime toujours! Oui, je ne puis penser à toi, ma noble patrie, sans verser une larme, mais une larme d'affection. Adieu! terre des braves et des héros! Je ne t'ai pas déshonorée. J'ai été fidèle à la devise d'un Français: "La mort plutôt que le déshonneur ! " J'ai pris les armes en faveur de l'opprimé contre l'oppresseur. J'ai été vaincu et je suis tombé entre les mains de cruels ennemis; ils pourront m'enlever la vie, mais jamais ce qu'il y a dans mon âme. Je meurs dévoué comme toujours ,à la cause sacrée de la liberté, la conscience tranquille, convaincu d'avoir fait mon devoir en combattant pour la liberté canadienne. "

Puis, après une tirade enflammée contre l'Angleterre et un appel à la vengeance, il redevint plus calme, parla de sa mère avec tendresse et termina dans les termes suivants:

" Mon Dieu! donnez à ma mère infortunée le courage dont elle aura besoin pour apprendre la nouvelle de la triste mort de son fils. Mes amis, vous lui écrirez, n'est-ce pas ? Vous lui direz combien j'ai été résigné à mon sort; vous lui direz que je suis mort en Français. Mais il est temps de finir; j'ai déjà trop parlé, vu les circonstances dans lesquelles nous sommes placés. Avant de terminer, laissez-moi vous dire que la liberté de votre pays ne peut être payée trop cher et que je lui sacrifie ma vie sans regret. "

Se tournant vers ceux qui devaient périr avec lui sur l'échafaud, il ajouta:

"Ô mes amis! braves compagnons d'infortune, demain sera un jour de chagrin non pas pour nous, mais pour nos amis. Prenons courage en songeant que nos noms seront gravés en lettres d'or sur l'autel de la liberté. Ô Canada! puisse au moins notre mort te délivrer de l'esclavage! C'est le vœu de celui qui demain va mourir pour toi. Un jour viendra où tes fils se souviendront, dans les jours de fête, que Charles Hindelang, un étranger, mourut martyr pour eux et victime de la vengeance anglaise. "

Lorsqu'Hindelang cessa de parler, tous ceux qui étaient présents pleuraient, sanglotaient. Des officiers anglais et des journalistes qui avaient voulu assister par curiosité à ce banquet mortuaire, ne purent contenir leur émotion.

Il fallut se séparer, la nuit approchait, et le lendemain, le terrible lendemain n'était pas loin.



Source: Les Patriotes 1837-1838 de Laurent Oliver David, P 255, 256, J Frenette Éditeur Inc. 1981.


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Prison de Montréal 14 février 1839, 11 heures du soir

Testament politique de De Lorimier écrit la veille de son exécution




" Le public et mes amis en particulier, attendent, peut-être, une déclaration sincère de mes sentiments; à l'heure fatale qui doit nous séparer de la terre, les opinions sont toujours regardées et reçues avec plus d'impartialité. L'homme chrétien se dépouille en ce moment du voile qui a obscurci beaucoup de ses actions, pour se laisser voir en plein jour; l'intérêt et les passions expirent avec sa dépouille mortelle.

Pour ma part, à la veille de rendre mon esprit à son créateur, je désire faire connaître ce que je ressens et ce que je pense. Je ne prendrais pas ce parti, si je ne craignais qu'on ne représentât mes sentiments sous un faux jour; on sait que le mort ne parle plus, et la même raison d'État qui me fait expier sur l'échafaud ma conduite politique pourrait bien forger des contes à mon sujet. J'ai le temps et le désir de prévenir de telles fabrications et je le fais d'une manière vraie et solennelle à mon heure dernière, non pas sur l'échafaud, environné d'une foule stupide et insatiable de sang, mais dans le silence et les réflexions du cachot.

Je meurs sans remords, je ne désirais que le bien de mon pays dans l'insurrection et l'indépendance, mes vues et mes actions étaient sincères et n'ont été entachées d'aucun des crimes qui déshonorent l'humanité, et qui ne sont que trop communs dans l'effervescence de passions déchaînées. Depuis 17 à 18 ans, j'ai pris une part active dans presque tous les mouvements populaires, et toujours avec conviction et sincérité. Mes efforts ont été pour l'indépendance de mes compatriotes; nous avons été malheureux jusqu'à ce jour.

La mort a déjà décimé plusieurs de mes collaborateurs. Beaucoup gémissent dans les fers, un plus grand nombre sur la terre d'exil avec leurs propriétés détruites, leurs familles abandonnées sans ressources aux rigueurs d'un hiver canadien. Malgré tant d'infortune, mon cœur entretient encore du courage et des espérances pour l'avenir, mes amis et mes enfants verront de meilleurs jours, ils seront libres, un pressentiment certain, ma conscience tranquille me l'assurent. Voilà ce qui me remplit de joie, quand tout est désolation et douleur autour de moi.

Les plaies de mon pays se cicatriseront après les malheurs de l'anarchie et d'une révolution sanglante. Le paisible Canadien verra renaître le bonheur et la liberté sur le Saint-Laurent; tout concourt à ce but, les exécutions mêmes, le sang et les larmes versés sur l'autel de la liberté arrosent aujourd'hui les racines de l'arbre qui fera flotter le drapeau marqué des deux étoiles des Canadas.

Je laisse des enfants qui n'ont pour héritage que le souvenir de mes malheurs. Pauvres orphelins, c'est vous que je plains, c'est vous que la main ensanglantée et arbitraire de la loi martiale frappe par ma mort. Vous n'aurez pas connu les douceurs et les avantages d'embrasser votre père aux jours d'allégresse, aux jours de fêtes! Quand votre raison vous permettra de réfléchir, vous verrez votre père qui a expié sur le gibet des actions qui ont immortalisé d'autres hommes plus heureux.

Le crime de votre père est dans l'irréussite, si le succès eût accompagné ses tentatives, on eut honoré ses actions d'une mention honorable. "Le crime et non pas l'échafaud fait la honte. " Des hommes, d'un mérite supérieur au mien, m'ont battu la triste voie qui me reste à parcourir de la prison obscure au gibet. Pauvres enfants! vous n'aurez plus qu'une mère tendre et désolée pour soutien; si ma mort et mes sacrifices vous réduisent à l'indigence, demandez quelque fois en mon nom, je ne fus jamais insensible aux malheurs de mes semblables.

Quant à vous, compatriotes, mon exécution et celle de mes compatriotes d'échafaud vous seront utiles. Puisent-elles vous démontrez ce que vous devez attendre du gouvernement anglais!... Je n'ai plus que quelques heures à vivre, et j'ai voulu partager ce temps précieux entre mes devoirs religieux et ceux dus à mes compatriotes; pour eux je meurs sur le gibet de la mort infâme du meurtrier, pour eux je me sépare de mes jeunes enfants et de mon épouse sans autre appui, et pour eux je meurs en m'écriant: Vive la liberté, vive l'indépendance! "




CHEVALIER DE LORIMIER.



Source: Les Patriotes 1837-1838 de Laurent Oliver David, P 276, 277, 278, J Frenette Éditeur Inc. 1981.


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Montréal, Prison-Neuve, 15 février 1839, 5 heures a.m.

Lette à une amie





Lettre écrite par De Lorimier, le jour de son exécution, à une dame qui lui avait demandé d'écrire dans son album quelques lignes qu'elle garderait comme souvenir.




Vous voulez, madame, que j'écrire un mot dans votre album. Que puis-je écrire, je vous le demande? Vais-je abandonner mon âme à des sentiments de regret, à de tristes pensées? Vous diriez que ces sentiments ne sont pas dignes d'un homme qui meurt pour la liberté de son pays. Vous dirai-je, pour vous attendrir, tout ce que j'ai souffert dans mon cachot depuis que je suis tombé dans les mains de mes cruels ennemis?

Ce serait, comme je viens de le dire, peu digne de la position que j'occupe devant le monde. Vous m'avez visité dans ces noirs cachots où les rayons du soleil sont inconnus aux pauvres victimes de la tyrannie anglaise. Il n'est pas nécessaire de parler ni d'écrire, pour faire comprendre l'état le plus misérable auquel la nature humaine puisse être réduit.

Vous dirai-je tout le respect que j'ai pour vous, quand vous en avez eu tant de preuves? Cependant ce serait honteux de ma part de ne pas me rendre à vos désirs. Permettez-moi alors, madame, de vous demander une faveur, c'est de garder une place pour moi dans vos pensées, après que l'heure terrible du sacrifice sera passée. Quand je serai parti, vous vivrez encore.

Dans quatre heures, je mourrai sur l'échafaud érigé par les ennemis de notre chère patrie. Oh! quels mots enchanteurs je viens de prononcer ! -- " Ma patrie ! " Ô ma patrie ! à toi j'offre mon sang comme le plus grand et le dernier des sacrifices que je puisse faire pour te délivrer du joug odieux de tes traîtres ennemis. Puisse le Tout-Puissant agréer mon sanglant sacrifice! Vous verrez des jours meilleurs.

Cette conviction intime et l'espoir que vous, madame, votre mari et tous mes amis, penserez quelquefois à moi, quand je ne serai plus, seront pour moi une source de consolation et de force dans les dernières tortures de l'agonie. La grande cause pour laquelle je suis à la veille de souffrir, triomphera.

Adieu, madame! Soyez heureuse ainsi que votre mari, vous le méritez tous deux. C'est le vœu d'un homme qui dans quelques heures aura sacrifié sa vie au salut de sa malheureuse patrie et à la liberté qu'il préfère à la vie. Je vous dis encore une fois adieu, madame.


Votre malheureux mais sincère ami,




CHEVALIER DE LORIMIER.



Source: Les Patriotes 1837-1838 de Laurent Oliver David, P 284, 285, J Frenette Éditeur Inc. 1981.


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Prison de Montréal, 14 février 1839.

LETTRE ÉCRITE PAR HINDELANG, LA VEILLE DE SON EXÉCUTION




Mon cher baron,

Dans quelques heures, tout sera dit pour moi dans ce monde, nous venons de nous séparer. J'ai reçu ton dernier baiser de frère et d'ami et l'envie de bavarder me tient encore. Causons donc.

" C'est une chose vraiment plaisante que la manière d'agir de ceux qui se croient les maîtres du pays. L'on vient de me dire que les officiers de service à la prison, en nous trouvant à table ont fait grand cas de mon courage. Cela ne m'étonne pas, car c'est un champ de bataille sur lequel ces messieurs les Anglais aiment mieux tomber, que retraiter. Mais cependant il faut leur rendre justice; les volontaires loyaux ont encore sur eux un grand avantage; à la même valeur ils joignent un talent de première force en narration. Je te renverrai pour les preuves à la magnifique histoire de la bataille d'Odelltown pour le lieutenant-colonel Taylor. Il faut un vrai toupet de volontaire pour oser mentir si agréablement; ils ont la réputation de forfanteurs dans ce régiment-là, Mr. Taylor y mérite mieux que le grade de colonel.

Il est plaisant de l'entendre raconter de quelle manière ses frères soldats se sont acquittés de leur devoir; ce cher colonel a fait un beau rêve et les charges brillantes de ses hommes n'ont pas usé leurs souliers. Nous sommes partis de Napierville cinq à six cents, et comme il est probable qu'il est doué de la double vue, il en compte neuf à onze cents. Quelques hommes seulement sont bravement sortis de leur maison de pierre, et je certifie que le seul McAllister s'est exposé parmi toute cette armée d'officiers; lui et cinq de ses gens ont appris à leurs dépens qu'il y avait aussi des hommes parmi les Canadiens. C'est vraiment honteux pour un homme d'oser se vanter à si peu de frais. "

En définitive, la masse des volontaires n'est qu'un composé de meurt-de-faim, qui crient " vive la reine, " parce qu'il faut qu'ils mangent.

Montrez-vous, Canadiens, et ces êtres-là rentreront sous terre.

Je serais curieux de voir aux trousses de tous ces gueux-là quelques centaines de ces hommes de cœur, comme nous en connaissons et comme il y en a tant en ce pays; oh! qu'ils veuillent donc une fois et tout ira bien.

Je ne puis écrire, mes pensées se multiplient et ne peuvent s'accorder. Ce que je puis dire seulement, c'est que demain matin nous devons servir de spectacle à ces gredins-là et que j'ai bonne envie de leur rire au nez.

Je meurs content et j'emporte la douce satisfaction d'avoir fait ce que j'ai pu. L'on me prend pour servir d'exemple, dit-on, je le souhaite; que chaque étranger y apporte autant de bonne volonté que moi, et les pendeurs seront les pendus, chacun son tour; c'est juste!

Baron, si jamais il te tombe sous la main un de ces habits rouges, fais lui prendre le même chemin, afin qu'il m'apporte de tes nouvelles; mais souviens-toi que je suis général et qu'il me faut quelque chose de bien, au moins un colonel, sans cela, je te le renvoie.

À force de dire des bêtises, on se lasse; il est minuit, et à neuf heures il faut partir, adieu! Je sais qu'il te fallait une lettre sérieuse; mais à l'impossible nul n'est tenu; je ne puis; la soirée a été trop orageuse.

Déchire tout cela et n'en parle plus. Je me réveille et recommence avec l'espoir de mieux faire.




CHS HINDELANG.



Source: Les Patriotes 1837-1838 de Laurent Oliver David, P 284, 285, J Frenette Éditeur Inc. 1981.





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Balthazar
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Posté le 20/02/2007 à 14:15:32
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Prison de Montréal, 15 février 1839, 5 heures du matin

LETTRE ECRITE PAR HINDELANG, LE JOUR DE SON EXECUTION




Cher baron,

Avant que la vengeance et la cruauté aient tout à fait détruit les pensées d'un homme qui méprise ces deux sentiments et les laisse à ses bourreaux, je veux te communiquer encore ma manière de voir quoique tu la connaisses. Il est certaines gens qui savent se comprendre, il suffit pour cela d'un coup d'œil et d'un mot.

La potence réclame sa proie ;--c'est une main anglaise qui l'a dressée.

-- Nation cruelle et sauvage, êtres arrogants et sans générosité, en rappelant dans ce malheureux pays, en surpassant même en atrocité les siècles de la Barbarie, que n'en avez-vous aussi conservé les usages? Il manque encore quelque chose à votre joie -- la torture ! Ah si vous l'aviez ! N'êtes vous pas les maîtres ? Que craignez-vous donc ? Un forfait de plus ne doit rien coûter à des âmes comme les vôtres ? Je ris de votre potence, je rirai de vos efforts à tourmenter vos victimes ! Liberté, liberté, qu'il serait beau de souffrir pour toi, qu'il serait beau de faire comprendre aux Canadiens, tout ce que tes amants reçoivent de force et de courage en te servant!

Réveille-toi donc, Canadien, n'entends-tu pas la voix de tes frères qui t'appellent? Cette voix sort du tombeau, elle ne te demande pas vengeance, mais elle te crie d'être libre, il te suffit de vouloir. Arrière, Anglais, arrière, cette terre que vous foulez, vous l'avez baignée d'un sang généreux, elle ne veut plus te porter, race maudite, ton règne est passé! Puis quand ils se réveilleront mes bons Canadiens, tu seras avec eux, baron, tu les aideras, et moi je te bénirai, toi et tous ceux qui feront comme toi.

Et toi, France, tes généreux enfants n'ont-ils pas encore compris qu'ils ont ici des frères? Rappelle toute tu haine si bien méritée contre les Anglais, s'ils le pouvaient eux, ils ne t'épargneraient pas!

Adieu! cher baron, adieu! mon digne ami, pour toi je ne meurs pas tout entier, je vivrai dans ton cœur, comme dans celui de tant de généreux amis. Non, non, la mort n'a rien d'affreux, quand elle laisse derrière elle de longs et glorieux souvenirs. Mon corps aux bourreaux, mais mes pensées et mon cœur appartiennent à ma famille et à mes amis...

Sois homme et n'oublie jamais un de tes bons et vrais camarades.




CHS HINDELANG.




Hindelang était occupé à écrire une copie du discours qu'il voulait prononcer sur l'échafaud, quand on entra dans sa cellule, vers huit heures du matin, pour lui demander s'il était prêt.

-- Oui, répondit-il, je suis prêt, accomplissez votre œuvre infâme.

Il était agité, nerveux. Il le fut encore davantage, quand le bourreau lui lia les mains. Lorsqu'il sortit de sa cellule, il aperçut le noble, le généreux de Lorimier qui lui cria:

-- Courage, mon ami, ce sera bientôt fini. Hindelang, reprenant son sang-froid, répondit. La mort n'est rien pour un Français.

Les prisonniers étaient accourus dire adieu à leurs malheureux amis. Quel spectacle déchirant! On arracha les condamnés aux embrassements, aux étreintes désespérées de leurs compagnons, et on leur donna ordre de se diriger vers l'échafaud. De Lorimier marchait en tête, suivi d'Hindelang, Nicolas, Narbonne et Daunais.

Une foule considérable se pressait autour des murs de la prison pour assister au lugubre spectacle. Il y avait dans cette foule des hommes qui pleuraient; d'autres--les scélérats! riaient; leur vengeance était assouvie.

Rendu sur l'échafaud, Hindelang adressa à la multitude les paroles suivantes: " Sur cet échafaud élevé par des mains anglaises je déclare que je meurs avec la conviction d'avoir rempli mon devoir. La sentence qui m'a condamné est injuste, mais je pardonne volontiers à ceux qui l'ont rendue. La cause pour laquelle je meurs est noble et grande; j'en suis fier et ne crains pas de mourir. Le sang versé pour elle sera racheté par le sang. Puissent les coupables en porter la responsabilité! Canadiens, en vous disant adieu, je vous lègue la devise de la France: " Vive la liberté. "

Ces dernières paroles, prononcées d'une voix forte, agitèrent profondément la foule.

Un instant, après, tout était fini.

L'infortuné jeune homme avait, par son testament, donné son corps à son ami le Dr Vallée, à la condition que son cœur serait envoyé à sa mère, mais les autorités s'opposèrent à la réalisation de ce vœu, et les restes mortels d'Hindelang furent livrés à LeBlanc de Marconnay, qui les fit inhumer dans le cimetière protestant du faubourg Québec, de Montréal.

Le vœu qu'Hindelang formait avant de mourir a été exaucé. Son nom est inscrit sur nos monuments, dans les pages les plus glorieuses de notre histoire, il est gravé dans la mémoire du peuple. Toujours on se souviendra de ce généreux enfant de la vieille France, mort si jeune pour la liberté de notre pays, toujours le cri sublime qu'il nous a jeté du haut de l'échafaud retentira à nos oreilles et se répercutera de génération en génération.



Source: Les Patriotes 1837-1838 de Laurent Oliver David, P 259, 260, 261, J Frenette Éditeur Inc. 1981.




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Balthazar
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Posté le 17/03/2007 à 16:35:26
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up pour ceux qui ne l'ont pas lu encore


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Touchdown
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Posté le 17/03/2007 à 16:50:40
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Balthazar


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jloof22
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Posté le 18/03/2007 à 01:49:10
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J'espère que c'était un copier/coller car sinon t'es fou de savoir tout ça ... à moins que tu ailles étudier en histoire!


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billi
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Posté le 18/03/2007 à 16:05:30
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Les jours doit etres long pour ce gars la ! penser a une separation sans la puis des francais ces impossibles !il faudrait des francais qui deviendrait des francien comme moi pour avoir une separration .avec les anglais qui nous menace avec leur grosse armée ! ont est foutu! le quebec est grand, mais pas de force!


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Balthazar
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Posté le 18/03/2007 à 16:41:48
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inkiet billi a toutes les fois qu'ont avais besoins del'armée francaise au Quebec ils sont parti a la course quand les anglais arrivaient donc je ne crois pas que le Quebec a besoin des Francais pour faire l'independance.....
entk surtout pas de Francais......

jloof22 non c'est ecrit de ma main apres quelques bonnes recherches..livre et internet et je le fais car j'aimes le Quebec de toutes mon coeur et un jours mes enfants auront leurs pays.....
vive le Quebec libre

--Message édité par Balthazar le 19/03/2007 à 18:49:35--
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Daddy benousab
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Posté le 20/03/2007 à 15:58:34
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oui vive le québec libre et j'espère qu'il ne faudra pas encore attendre 200 ans pour que vous l'ayez ce québec là, la mort d'Elizabeth II peu-être ouvrira les portes, Canada fait toujours partie du Commenwelth je crois ou je metrompe.
mais pourquoi ne veulent-ils pas kes rosbeef donner l'indépendance.


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Balthazar
Commandant
Posté le 21/03/2007 à 16:20:34
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oui le Canada fait toujours parti de l'Angleterre en quelque sorte
et oui j'espère aussi que le Québec va obtenir son indépendance bientôt


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Daddy benousab
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Posté le 14/04/2007 à 18:44:15
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balthazar est il vrais que supprimer les réserves indienne réprésente un danger pour les indiens et pour lescanadiens j'ai lu cette remarquesdans un topics


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layde
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Posté le 14/04/2007 à 18:48:13
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Je me sens tout bête, un jour je veux devenir québecquois mais je connais pas tout ca.


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Balthazar
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Posté le 14/04/2007 à 18:55:07
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non moi je trouve qu'il est plus dangereux de les laisser dans une reserve (ghetto) que de les assimiler (peut-etre pas le bon terme)
car la nation ameriendienne (Iroquoise,Crie,Algonquinne et autres)ont de tres gros probleme d'alcool et de drogue.Parcontre ces communautées ont de magnifique choses a nous apprendrent,sur la nature leurs mode de vie et leurs traditions.Je me compte chanceux je peux en compter parmis mes amis intimes,et selon eux les reserves ne sont pas un bon endrait pour vivre et je les comprends tres bien .toujour etre marjinale c'est pas sains pour une communautée......


    Citation de layde :
Je me sens tout bête, un jour je veux devenir québecquois mais je connais pas tout ca.

pour devenir Québeois ont le deviends pas tout ce passe dans le coeur que tu sois francais ,Belge ou autres,et moi non plus il ya pas longtemps que je connais bien l'histoire de mon pays(Québec)
car c'est pas dans les écoles qu'ils nous l'enseigne a fond.......

--Message édité par Balthazar le 14/04/2007 à 19:00:51--
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Daddy benousab
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Posté le 14/04/2007 à 19:04:47
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remarques de ZEMOUA dans actualité canadienne cela m'avait profondément choqué, ce qu'il avait dit, pour ma part je trouve inadmissible au XXI siècle de laisser un peuple dans des réserves. effectivement aussi il y a beaucoup de choses à apprendre au niveau culturels et surtout au niveau pharmacologique auorès des indiens, je crois que des études sont aites au Canada dans ce sens par certains chercheurs


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layde
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Posté le 14/04/2007 à 19:05:09
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Balthazar je sais bien que c'est par rapport à son attachement à la culture mais moi personnelement, je suis Francais, j'aime mon pays mais pour l'aimer, j'en connais l'histoire.

J'aime beaucoup le québec mais je n'en connais pas assez la culture.

Quand au réserve, je pense que c'est défavorable aux peuples amérindiens parce que ca reste un moyen de les parqué et non de preserver leur sols ancestraux.


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Daddy benousab
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Posté le 14/04/2007 à 19:07:59
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Et pour le québec, il faut garder sa culture ses traditions propre expliquer au jeunes ce qu'est le Québec et que ce pays devienne indépendant et vive libre sans domination anglaise.
J'ai eu l'occasion de voir sur TV5 europe les rassemblement annuelle des Indiens une semaine d'émissin enrichisssante, évidement programmé à une heure où tout le monde dors........


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Balthazar
Commandant
Posté le 16/04/2007 à 17:25:40
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oui c'est e qu'on appel un POW WOW


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